Menu Principal
Index thématique
Recherche sur le site
Les articles les plus consultés
Page « 1 2 3 4 (5) 6 7 8 9 »
La détention en France : Les camps d’internement français de la première guerre mondiale
Posté par acatparis5 le 9/2/2009 15:02:48 (10219 lectures)


La vie dans les camps : l'exemple de Précigné (Sarthe).


L'ancien petit séminaire de Précigné – à 10 kms de toute agglomération – accueille ses premiers suspects internés le 2 décembre 1914, le dernier arrivant le 16 octobre 1919. Le camp mixte, accueillant hommes et femmes. Après le départ des derniers internés, le 6 décembre 1919 on trouve sur le registre d'écrou un total de 2130 noms… Le camp a détenu jusqu'à 650 personnes à la fin de 1914, puis s'est largement vidé ensuite : environ 250 internés en mars 1915, guère plus d'une centaine au mois de mai suivant. L'effectif s'est ensuite élevé progressivement jusqu'à 400 l'année suivante, en 1916. Il oscille entre 300 et 400 jusqu'en 1918. De nombreux transferts entre camps font varier les effectifs.


Le camp, selon la directive du ministère de l'Intérieur du 28 novembre 1914, est destiné à recevoir « les personnes de nationalité française ou neutre, évacuées sur votre département de la zone des armées par direction de l'arrière pour cause de suspicion »


Organisation du camp


Elle reprend, comme pour tous les centres, le modèle pénitentiaire auquel il est fréquemment fait référence dans les règlements sur la vie intérieure ou le régime alimentaire, à la différence que l'internement collectif remplace l'enfermement cellulaire individuel. Les dortoirs sont collectifs et le «  couchage des internés est constitué par une paillasse, un traversin, un sac de couchage et 2 couvertures. Les paillasses sont supportées par des plateaux isolateurs en bois… La paille des paillasses et traversins est renouvelée tous les deux mois… L'infirmerie est pourvue de lits en fer avec matelas et draps. Les internés disposant de ressources ont toujours été autorisés à louer la literie qui leur était nécessaire  » (Préfet, 10 décembre 1915)


Comme dans la prison il y a un quartier disciplinaire avec des cellules de punition avec régime spécial (une heure de sortie chaque jour seulement, privation de café et tout achat à la cantine, privation de correspondance, régime alimentaire réduit à une soupe une fois par jour et la ration ordinaire de pain).


Des corvées sont organisées pour le nettoyage des chambres (sous la responsabilité des chefs de chambrée) et pour la cuisine (épluchage des légumes, lavage de la vaisselle)


La correspondance est strictement contrôlée avec des circulaires variées organisant la censure, la lecture de ces lettres à la Préfecture mobilisant personnel important.


L'argent disponible est contrôlé pour éviter les évasions : une monnaie spéciale de jetons de papier n'ayant de valeur que dans le camp est émise, et chaque interné dispose d'une somme limitée à 20 francs par mois.


Le camp, à l'égal de tous les autres, a un poste militaire de garde. Au début de 1916, il est composé d'un adjudant, un sergent, 3 caporaux et 40 hommes de garde, choisis au sein services auxiliaires, donc n'ayant jamais été incorporés, n'ayant guère de notion de discipline et de plus, soumis aux tentations du dortoir des femmes internées.


Placés au rang de prisonniers politiques, les internés sont dispensés de travail à la différence des prisonniers de guerre. Mais le volontariat est fortement encouragé, concédé comme une faveur (les internés supportent mal l'oisiveté) mais aussi craint pour les facilités d'évasion que le déplacement au dehors permet. Aussi le travail dans le camp est-t-il préféré par l'administration : des ateliers d'étamage de gamelles, de fabrication de galoches, confection de capotes pour l'intendance militaire, emploient des internés en plus de ceux placés dans les divers services du dépôt (une trentaine : cuisine, entretien des bâtiments, du jardin) et rémunérés.


Page « 1 2 3 4 (5) 6 7 8 9 »
Format imprimable Envoyer cet article à un(e) ami(e)