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Tunisie : La Force de l'obéissance. Économie politique de la répression en Tunisie
Posté par acatparis5 le 23/4/2009 17:45:53 (4152 lectures)


L’autre exemple qui me semble intéressant pour comprendre la complexité de ces rapports de pouvoir, c’est celui du crédit à la consommation.
Ces dernières années, on a constaté un boom du crédit à la consommation en Tunisie grâce essentiellement -ce mécanisme n’est d’ailleurs pas spécifique à la Tunisie- à l’activisme commercial de sociétés de vente de biens électroménagers. Face à une demande très forte de la part de la population et à une solvabilité restreinte des consommateurs compte de la faiblesse des revenus, ces sociétés ont développé un crédit à la consommation que les banques n’étaient pas autorisées à pratiquer. La Banque centrale en Tunisie, sensible aux dérives possibles du crédit à la consommation, a en effet suivi une politique très rigoureuse d’encadrement, interdisant les banques – qui avaient bien entendu entrevu cette opportunité financière – d’entrer dans le secteur du crédit à la consommation. Mais les sociétés de vente de biens de consommation se sont engouffrées dans cette activité avec l’appui indirect des banques qui les refinancaient. Après quelques années florissantes et des prises de risques importantes, ces sociétés ont connu de graves difficultés financières à la suite du développement démesuré de ce crédit à la consommation. Aussi, l’État est-il finalement intervenu pour sauver certaines d’entre elles (notamment BATAM, la plus importantes d’entre elles) et restructurer les crédits avec l’aide de la banque centrale et des banques commerciales de la place. L’interprétation populaire mais aussi celle de l’opposition ainsi que de certains analystes et universitaires a été de soutenir que le régime aurait pour ainsi dire mis en place le crédit à la consommation pour satisfaire la population et l’empêcher de protester, ayant dès lors plus à perdre (en termes de niveaux et de modes de vie) qu’à gagner d’une expression de leur mécontentement. Cette interprétation était d’autant plus populaire que ces sociétés avaient au fil du temps développé des liens étroits avec des proches du pouvoir central. Cette interprétation est cependant simpliste et elle surestime la puissance du pouvoir central. Une analyse détaillée suggère plutôt que le gouvernement a tout fait pour décourager le développement du crédit à la consommation. Mais une fois la dynamique lancée grâce à l’ingéniosité de ces sociétés et à la force de la demande sociale, il a été obligé de composer et donc d’éviter l’effondrement de ces sociétés de vente à crédit pour éviter le développement d’un malaise social qui pourrait se traduire en désordre social, voire politique.

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