Le bizutage se faisant au nom de la tradition, il nous faut donc interroger l’histoire pour comprendre pourquoi il s’agit d’un phénomène aussi affirmé en France. Nous nous trouvons face à plusieurs séries de sources convergentes. D’une part, si nous nous référons au terme même d’initiation, nous percevons bien qu’il se réfère à la fois à une cérémonie et à l’apprentissage d’un métier. Selon Philippe Ariès (1), sous l’ancien Régime ces deux fonctions étaient assurées par les corporations. De leur côté,les étudiants organisaient des cérémonies burlesques pour accueillir leurs nouveaux condisciples. Peut-être pourrait-on en trouver un équivalent dans la cérémonie du « mammamouchi » et celle « dignus est intrare » chez Molière ? D’uen façon plus générale, traditionnellement était dévolu à la jeunesse le rôle d’organiser les fêtes (Galland, 1991) : dans certains villages, a longtemps subsisté le « Jouvent », organisation des jeunes dans ce but. Plus que le carnaval, le charivari (fête organisée pour tourner en dérision le marié lorsque le couple est trop mal assorti, ou lorsqu’un veuf s’est remarié trop vite) pourrait être rapproché du bizutage.