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La détention en général : Michel Foucault : Que reste-t-il de Surveiller et punir ? par François Boullant
Posté par Peyron le 16/10/2003 20:30:00 (4924 lectures)



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Dans un contexte âpre et traversé de contradictions, où la pensée et les apports de Foucault sont rognés, contestés ou simplement ignorés, dans une actualité où l’enfermement semble retrouver une légitimité qu’il avait, sinon perdue, du moins qui s’était considérablement émoussée, il m’a paru utile de rappeler les pistes qu’il avait ouvertes dans ce texte, Surveiller et punir, qui aura bientôt trente ans. Il ne s’agit pas, ici comme ailleurs, de recueillir pieusement un héritage, comme le souligne Foucault lui-même à propos du Kant de Qu’est-ce que les Lumières ?, car cette piété-là est stérile et la pensée de Foucault n’a que faire des gardiens du temple d’une improbable et inconcevable orthodoxie. C’est peut-être même alors l’impiété qui serait de rigueur. Il s’agit bien plutôt, en effet, de se demander comment la pensée de Foucault pourrait aujourd’hui ouvrir d’autres pistes de recherche, investir d’autres objets et initier d’autres approches. « Moi, les gens que j’aime, je les utilise. La seule marque de reconnaissance qu’on puisse témoigner à une pensée comme celle de Nietzsche, c’est précisément de l’utiliser, de la déformer, de la faire grincer, crier », déclarait Foucault dans un entretien de 1975 . La remarque fait programme et vaudrait pour son œuvre propre. Loin des critiques aveugles et venimeuses comme des dithyrambes exaltés et stérilisants, il y a sans doute place aujourd’hui pour une autre postérité de Foucault. Une postérité sans postures ni fétichisme, irrespectueuse par principe, pourrait-on dire, de la lettre, en effet « datée », de ses textes : une postérité laborieuse qui s’en servirait comme de harpons pour d’autres abordages féconds et inédits . De cette postérité-là, modeste, silencieuse, bruissent déjà dans l’ombre propice, pour toute oreille aiguisée et avisée, les lents mouvements d’un tissage patient et serein, mais aussi décalé et « inactuel »…

François Boullant
(octobre 2003)

Professeur agrégé de philosophie
Enseignant au Centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (1971-1986)
Membre du Comité de rédaction de la revue Actes (Les Cahiers d’action juridique) (1983 à 1993)


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