Transcription du débat avec Madame Tassadit Imache (CNDS), Maître Irène Terrel, Maître Jean-Jacques de Felice, Monsieur Fabien Jobard (CESDIP)

organisé par l’ACAT Paris V et la Ligue des droits de l’homme (section Paris 5-13) à la Maison fraternelle (Paris V) le 13 octobre 2005

Monsieur Fabien Jobard :
Je conduis depuis trois ans une étude sur la commune de Damarie les Lys dans laquelle deux adolescents ont trouvé la mort en 2002, à des jours et dans des circonstances différentes : le premier roulait sans casque en mobylette et a été pris en chasse par une unité de brigade anti-criminalité (BAC), le second avait succombé d’un tir policier en pleine tête deux jours auparavant, après avoir lui-même tiré sur le policier avec un fusil à plomb.
Cinq ans auparavant, la commune de Damarie les Lys avait été le théâtre, en 1997, de faits comparables lorsque un jeune de 16 ans avait tué par un tir en pleine nuque par un policier. A l’époque, la réponse des jeunes avait été l’émeute.
En 2002, en revanche, la réaction a été de type classique : appel à la presse, mobilisation politique, interpellation des pouvoirs publics.
Les raisons pour lesquelles la nature de la réaction a changé entre 1997 et 2002, sont en fait assez tristes : les jeunes sont en grande partie exsangues. En effet, avant que toute violence policière ne s’exerce sur eux, ils sont déjà soumis à la misère sociale de leurs existences. La fréquence élevée des rencontres entre les jeunes et la police s’explique aisément : la fonction même des policiers consiste précisément à être présents sur la voie publique et les jeunes, frappés par un chômage de masse, n’ont souvent comme seul lieu de vie collective cette même voie publique.