Abidjan fut le long temps de l’apprivoisement. Lieu d’une aventure spirituelle avec un vieux musulman devenu mon père, Baba. Cette amitié ne nous fut jamais reprochée, mais elle sembla à quelques-uns un peu bizarre ou inutile. Ainsi, des musulmans s'étonnaient de voir traîner autant ma conversion à l'Islam. Ils en touchèrent deux mots à El Hadj Sakho, -c’était son nom. Celui-ci leur répondit : "Yaya est chrétien jusqu'à la moelle des os, et je suis musulman jusqu'à la moelle des os" . Il arborait un grand sourire en me contant cela. Avait-il osé ajouter : "Dieu nous a mis ensemble sur sa route et sans mélanger nos religions, nous allons ensemble vers Lui" ? Je serais tenté de le croire, car c’était ma conviction et nous étions souvent, bien au-delà des mots, sur la même longueur d'onde spirituelle.