L’archipel des foyers peut-il disparaître ? par Marc Bernardot

Date 20/11/2009 20:38:26 | Sujet : Immigration

Transcription de la conférence animée par M. Marc Bernardot, Professeur de sociologie à l'Université du Havre le jeudi 15 octobre 2009 à la Maison fraternelle qui a été organisée par l’ACAT Paris V en association avec l’ERF Quartier Latin – Port Royal.
L’ACAT Paris V remercie vivement M. Marc Bernardot pour la qualité de son intervention.

Résumé
Qui ne connaît les foyers Sonacotra ? Ils sont en effet devenus emblématiques de l'immigration de travail en France. Cette société d'économie mixte a été créée par le ministère de l'Intérieur, soucieux de surveiller les Algériens présents en métropole durant la guerre d'Algérie. L'entreprise s'est imposée dans les années 1960 comme le laboratoire de l'habitat social. Dans les années 1970 ce modèle paternaliste et raciste va être remis en cause par ce qui restera la plus longue mobilisation politique des étrangers en France au XXe siècle.
Depuis les années 1990, les foyers, stigmatisés par la presse et dans l'opinion, ont été intégrés dans la politique de lutte contre l'exclusion et d'accueil des demandeurs d'asile.
L'archipel des foyers n'a pourtant pas disparu et reste un lieu central de la vie des immigrés en France.


Introduction

Je profite de notre rencontre de ce soir pour attirer votre attention sur le fait que vous trouverez sur la table de presse, un certain nombre d’ouvrages amenés en grande partie par la Librairie le Point du Jour à commencer par celui dont je vais vous parler ce soir « Loger les immigrés, la Sonacotra (1956-2006) » que j’ai publié l’année passée (cf. introduction http://www.reseau-terra.eu/rubrique162.html), ainsi qu’un certain nombre d’ouvrages qui sont directement issus du réseau scientifique Terra http://www.reseau-terra.eu dont je suis l’un des animateurs et qui diffuse ses travaux essentiellement par voie électronique mais qui dispose également d’une collection chez un éditeur coopératif, les éditions du Croquant.
Parmi ces ouvrages, vous trouverez un livre que j’ai publié l’année dernière aussi, intitulé « Camps d’étrangers » qui porte sur les modes de prise en charge « martiale » des populations étrangères en France, un livre collectif publié par des chercheurs et intitulé « Enfermer dehors » qui propose des séries d’enquêtes sur les lieux de confinement d’étrangers en France (les zones d’attente, les centres de rétention, les centres d’accueil des demandeurs d’asile, les villages « d’insertion » ainsi labellisés pour sédentariser les populations considérées comme nomades, et puis un ouvrage très récent qui n’est pas édité par les éditions du Croquant, mais par Le Seuil et le Réseau éducation sans frontière et qui s’intitule « Douce France : Rafles, rétentions, expulsions». Si son contenu est scientifique, ce livre se veut ouvertement militant. Il réunit sous la direction d’Olivier Le Cour Grandmaison non seulement des contributions de spécialistes traitant de la prise en charge militaire et policière des étrangers mais aussi de témoignages de personnes victimes de ces persécutions.
(Les références de ces livres figurent à la fin de la transcription)

La conférence de ce soir est plus particulièrement consacrée à l’ouvrage « Loger les immigrés » qui est issu de mon travail de thèse déjà ancien puisque je l’ai soutenue en 1997. A l’époque, j’étais responsable des études à la Sonacotra où j’ai pu travailler dans d’excellentes conditions pendant plusieurs années. C’est peut-être une condition sine qua none pour réaliser un travail de fond sur ce monde des foyers qui est un monde plutôt fermé pour des raisons sur lesquelles je reviendrai peut-être un plus tard au moment du débat. A la demande de l’ACAT, je vais présenter surtout la situation actuelle et d’essayer de me projeter dans l’avenir à court terme et à moyen terme de cet univers des foyers, tout en rappelant pendant quelques minutes les origines et les grandes phases historiques de cette particularité très française que sont les foyers de travailleurs migrants.


L’univers des foyers : une exception française

l n’y a pas d’éléments vraiment comparables en Europe, ni en Angleterre, ni dans les pays a fortiori d’accueil migratoire plus récent comme l’Italie. Le foyer de travailleurs migrants étant défini comme un mode d’habitat réservé à des célibataires ouvriers considérés ou perçus comme étant étrangers. Il y a bien eu en Europe de l’Est, en RDA notamment, quelques expériences de foyers pour des travailleurs africains et en Russie mais c’est tout. Les seuls modes d’habitat sociologiquement comparables, même si c’est désagréable à entendre pour la patrie des droits de l’homme, ce sont les hôtels pour travailleurs noirs en Afrique du Sud pendant la période de l’Apartheid et les maisons communes de travailleurs développées par le régime nazi.
L’univers des foyers en France tire pour l’essentiel ses origines de la Première Guerre mondiale et de la volonté des pouvoirs publics, que ce soient les autorités militaires ou les autorités policières, d’éviter la circulation libre et hors contrôle de travailleurs coloniaux et à la toute fin de la Première Guerre mondiale et dans la période qui a suivi, d’éviter l’installation dans les espaces urbains des populations du monde colonial démobilisées (Tirailleurs sénégalais, Spahis, Goumiers, ou travailleurs coloniaux requis etc..). Un grand nombre d’entre eux ont été rapatriés à l’issue de la guerre mais un certain nombre est restée à Paris notamment, dans les grandes villes métropolitaines et les bassins industriels.

Les premières propositions de construction de foyers pour ces travailleurs indigènes coloniaux se sont développées au début des années 1920 à Paris notamment et dans un contexte particulier. Quelques faits divers mettant en scène des travailleurs coloniaux, des problèmes sanitaires notamment autour de la syphilis et de la tuberculose et des hommes politiques s’emparent de la question, des entrepreneurs d’insécurité comme on en connaît beaucoup de nos jours, et le débat émergent combine alors à la fois des thématiques de mission civilisatrice et de protection sanitaire et des injonctions à la prise en charge spécifiques de ces populations coloniales. A partir de ce moment là vont se développer par l’entremise de la police notamment qui est historiquement préoccupée par la présence de travailleurs coloniaux en métropole, quelques expériences de foyers de travailleurs migrants à Gennevilliers et à Paris notamment. Ces foyers sont clairement le prolongement de la prise en charge séparée des tirailleurs et des travailleurs coloniaux pendant la Première Guerre mondiale dans des casernements, des camps d’hivernage, des dépôts et des locaux industriels du complexe militaro-industriel de l’époque. Ces foyers permettent de contrôler des ouvriers indigènes depuis leur habitat jusqu’à leur lieu de travail.


Un démarrage lent

Il n’en reste pas moins que ces premiers foyers ne se multiplient pas spontanément et dans les années 1950, soit vingt ou trente ans après les premières expériences, il y a encore très peu de foyers en fonctionnement et les pouvoirs publics dans un contexte tout à fait particulier de la crise du logement et du développement de la question de l’indépendance et d’accès à la citoyenneté de ces populations coloniales, se retrouvent face à une situation très complexe. Car les habitats auto-construits par ces travailleurs, ce que l’on appelle à l’époque les bidonvilles, terme tiré du monde colonial, se développent rapidement. Les employeurs mettent aussi en fonctionnement des locaux industriels désaffectés qu’ils destinent au logement collectif de leurs ouvriers venant d’Afrique occidentale française, des colonies et des territoires sous-contrôle du Maghreb mais aussi de Madagascar et pour une partie que je ne traiterai pas aujourd’hui, des Antilles.
Ces conditions de logement sont exécrables et il y a, comme il y en a encore de nos jours, de fréquents sinistres (des incendies notamment) qui provoquent la mort d’usagers et qui font régulièrement apparaître cette question comme dans l’actualité. Pour résoudre ce problème, qui informe de la présence de ces étrangers dans la ville, les pouvoirs publics vont s’en remettre à deux types d’acteurs :
---l’acteur associatif qui va , pour le compte de propriétaires institutionnels, y compris ministériels, de logement social, gérer des bâtiments en les affectant à des populations issus du monde colonial ou tout simplement migrantes
---l’acteur encore majeur de nos jours, celui qui oriente et défriche la politique institutionnelle en la matière, un acteur très étrange, sans équivalent, produit de l’économie mixte, avec des capitaux publics et des capitaux privés sous la forme d’une entreprise vraiment très originale la Sonacotral créée sous l’égide du Ministère de l’intérieur en plein pendant la guerre d’Algérie dont les premiers foyers seront mis en service au tout début de l’année 1958.



Les deux acteurs français

Deux acteurs se chargent donc de cette question :
un acteur public sous l’égide du Ministère de l’intérieur avec une fonction et une dimension nationale, la Sonacotral, société nationale de construction pour les travailleurs algériens dont le nom perdurera jusqu’en 1963, année au cours de laquelle le suffixe algérien va disparaître. Cette société est en lien étroit avec les préfectures pour obtenir des terrains et faciliter la destruction des habitats auto-construits des migrants, pour contrôler aussi les populations évidemment,
et de l’autre côté un acteur plus diffus, plus dispersé en rapport direct avec le monde patronal qui va gérer de façon plus locale quelques petits foyers ici ou là autour des bassins industriels.
Le Ministère de l’intérieur va focaliser son attention, le projet est lancé pendant la guerre d’Algérie, sur les Algériens et par extension les autres populations venant du Maghreb (Marocains et Tunisiens), et dans le second cas, le monde associatif dont il reste encore aujourd’hui des représentants relativement puissants et structurés comme l’AFTAM par exemple (association d'aide et d'accompagnement pour l'hébergement, l'insertion sociale et l'accueil médico-social des travailleurs migrants) qui vont se charger des populations africaines et malgaches. Avec une différence qu’il faut avoir à l’esprit c’est qu’il n’est question pour la Sonacotral que de loger ces populations provisoirement et de les contrôler de façon quasi-policière, alors que dans le cas des associations avec des financements patronaux, un objectif de formation et d’alphabétisation est affiché.

Promotion sociale et opérations immobilières

Ces foyers vont se développer de façon très rapide au début des années 1960 et les besoins sont considérables :
---Ce sont d’une part des besoins sociaux et sanitaires pour améliorer les conditions de vie de ces populations
---Et d’autre part la volonté de récupérer des espaces occupés par ces populations qui se situent en périphérie ou bien dans les centres-villes comme ici dans le 5ème qui sont redevenus très attractifs pour des opérations immobilières.
Reloger ces populations permet aux acteurs de la promotion immobilière, privée et publique, de récupérer les terrains ou les bâtiments dans lesquelles elles vivent. Il ne s’agit donc pas uniquement une volonté de promotion sociale et de mise en sécurité de pauvres travailleurs immigrés ou indigènes. Il est évidemment question de déplacer ces populations afin de récupérer des territoires sur lesquels elles sont installées.
En assez peu de temps, le parc de foyers de travailleurs migrants va se développer jusqu’à atteindre le niveau actuel à savoir 800 foyers répartis dans 350 villes en France. Ce parc recouvre une réalité résidentielle très diverse : une moitié du parc est géré par la Sonacotra qui s’appelle désormais depuis 2007 « Adoma », un ensemble de propriétaires a délégué la gestion de l’autre moitié du parc à un groupe d’acteurs associatifs dont certains sont très fragiles sur le plan de la gestion avec un ou deux acteurs majeurs comme l’AFTAM qui sont puissants et dotés de moyens financiers significatifs.



Un patrimoine hétéroclite et dégradé

Pour ce qui touche aux types de bâtiments, une partie a été construite entre les années 1960 et les années 1970, et qui ressemble à du logement social ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’un logement de bonne qualité et une autre partie non négligeable est constituée de bâtiments qui sont plus anciens et d’origine plus disparate (anciens hôtels, usines, bâtiments divers réaffectés à des fonctions résidentielles) dans la tradition séculaire des lieux réservés aux étrangers.
Une des grandes questions qui se pose pour l’avenir du monde des foyers, c’est la qualité des logements et la capacité des acteurs impliqués à « mettre aux normes » si cela constitue bien un objectif réel, ce patrimoine qui est obsolète et mal conçu, dangereux, mal entretenu bien que les acteurs qui gèrent ces espaces aient tendance à rendre responsable les usagers du mauvais état des bâtiments : - ce serait parce qu’il y aurait trop d’occupants et qu’ils occuperaient mal ces espaces que ceux-ci seraient en mauvais état – ce qui constitue une façon assez cavalière de présenter la situation.
Si les locaux sont en mauvais état et surpeuplés, c’est d’abord parce que les usagers ne trouvent pas ailleurs à se loger ailleurs mais aussi parce que la plupart des acteurs institutionnels en charge de ces bâtiments refusent malgré la loi de provisionner des moyens financiers pour procéder à des réparations régulières. Les bâtiments se dégradent donc de façon accélérée. Par ailleurs, dès les années 1970, les experts, juristes et architectes qui s’étaient associés aux mouvements revendicatifs actifs dans les foyers, avaient démontré que la plupart des foyers construits à ce moment là étaient mal conçus, avec de mauvais composants et qu’ils étaient donc voués à une obsolescence accélérée.


Obsolescence et réforme permanente

Une des raisons pour lesquelles l’obsolescence est rapide, tient au fait qu’en matière de norme spatiale, les foyers sont très, très en dessous des normes légales. Environ un quart de ces 800 foyers en service en France métropolitaine offre des chambres collectives ou bien des chambres dont la taille est inférieure à 7m2 . Une chambre de 7m2 est une chambre dont on touche les deux murs en étendant les bras. Une sorte de petit box dont les composants sont médiocres. Certaines de ces chambres disposent de fenêtres condamnées car elles sont communes à deux « chambres » ou qui ne s’ouvrent pas dans le bon sens.
Tous les arguments à charge sur leur gestion sont souvent « renversés » par les acteurs institutionnels lorsqu’ils abordent cette question de la conception et de l’entretien des bâtiments. En fait ces bâtiments ont tout simplement été pensés pour être temporaires comme les travailleurs immigrés mais ils se sont avérés être utilisés de manière durable.

Le monde des foyers est présenté comme étant en crise depuis le milieu des années 1970 et presque quarante ans après, il est toujours en crise. Cette crise est un peu comme on le dit souvent aussi pour la prison un état permanent. Et de ce point de vue le monde des foyers est comme le monde pénitentiaire : on le réforme en permanence. On ne sait jamais d’ailleurs s’il s’agit de réhabiliter les foyers ou bien en prendre en charge socialement les usagers : les deux discours sont toujours imbriqués, articulés, mélangés ce qui autorise des manipulations à la fois symboliques et institutionnelles. Ces quarante années de crise ont débouché sur une situation qui est préoccupante d’abord en matière démographique mais aussi en terme de conditions de vie.
Ces 800 foyers hébergent officiellement environ 135 000 personnes : c’est à la fois significatif et relativement modeste si on compare avec les foyers de personnes âgées – il y a plus de 700 000 personnes qui vivent dans des foyers pour personnes âgées. Ces 135 000 résidents constituent toutefois une population symbolique, de la pauvreté et du prolétariat étranger et des stratégies publiques et collectives pour éviter leur installation.




Une population âgée et en voie de paupérisation

Socio-démographiquement on constate deux tendances très puissantes engagées depuis plus de trente ans dont les pouvoirs publics n’ont cessé de retarder à la fois le diagnostic et la correction éventuelle et qui atteint des niveaux de gravité très préoccupants à l’heure actuelle :

première tendance : le vieillissement des usagers de ces foyers. On peut dire sans être trop schématique qu’un usager sur deux a plus de 55 ans. Donc les foyers de travailleurs migrants logent des gens qui ne sont plus travailleurs et qui ont migré pour la plupart il y a plus de quarante ans et qui habitent majoritairement depuis plusieurs dizaines d’années dans ces modes d’habitats hors norme. Ce vieillissement n’est pas commun, il est anticipé : avoir 55 ans en ayant été travailleur du bâtiment, de la chimie, de l’agriculture intensive, sans formation, en ayant commencé à travailler très tôt dans le pays d’origine avant même de travailler dans le pays d’accueil, avec un maintien durable dans le célibat forcé alors même que la grande majorité est mariée, dans une sévère misère psychologique, susceptible à tout moment d’être victime de discriminations, d’humiliations, de traitements négatifs de la part des administrations et des employeurs, ce n’est pas commun. Toutes ces conditions produisent un vieillissement tout à fait particulier et préoccupant. Des troubles spécifiques de type ostéo-articulaires, des troubles digestifs très marqués pour une population qui a été peu ou pas suivie par la médecine du travail, une population surexposée aux maladies professionnelles et aux accidents du travail, dans un contexte psychologique particulier de l’isolement et d’un monde masculin, séparé, discriminé, surveillé par l’entrepreneur, les riverains, la police…
Ce qui veut dire qu’avoir 55 ans dans ces conditions correspond sociologiquement à un vieillissement d’un ouvrier français ou d’une ouvrière de plus de 70 ans. Avec des espérances de vie très basses, les plus basses de la société française, « l’étage en dessous » étant les populations dites sans-abri.

La solidarité des foyers mise à mal par la crise économique

Ce vieillissement a trouvé pendant longtemps dans le monde des foyers une solidarité, une prise en charge, un accompagnement qui a permis à ces collectivités contraintes de faire face : quand on est malade, chômeur, quand on a des problèmes financiers et que l’on vit dans un foyer, il est fréquent d’être aidé, appuyé, accompagné par les autres résidents. Les niveaux d’échange et de solidarité que l’on peut constater dans les foyers sont très élevés. J’ai mené des enquêtes depuis une vingtaine d’années et j’ai constaté des niveaux d’échange que l’on ne retrouve dans aucun autre type de logement en France, si ce n’est les « bidonvilles » : on échange de la nourriture, des vêtements, de l’argent, des conseils, du soutien. La solidarité n’est d’ailleurs pas un trait propre à une communauté de type ethnique contrairement à la manière dont la société a tendance à se représenter les foyers. Le foyer n’est pas par essence dans le « repli communautaire » avec cette manière très républicaine française de considérer la communauté comme ennemi de la promotion sociale, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Au contraire la solidarité dans les foyers dépasse très largement les frontières communautaires telles que la France se les imagine : les Maliens s’occupant des Maliens, les Sénégalais des Sénégalais, les Arabes des Arabes etc..
Ce que l’on voit réellement dans les foyers, c’est que lorsque l’on a un souci, on est très facilement aidé par son voisin qu’il soit kabyle, nantais, noir, jeune, vieux, travailleur ou non, qu’il soit dans le centre de la France ou bien en banlieue parisienne. Ces formes de solidarité sont fréquentes même si le passage de l’habitat auto-construit, des bidonvilles, des hôtels garnis au foyer a été accompagné d’une perte de solidarité. Le grand sociologue Abdelmalek Sayad avait montré en effet que le passage en foyer notamment pour les populations du Maghreb s’était accompagné d’une volonté des pouvoirs publics de casser ces solidarités. Mais en dépit de la volonté des pouvoirs publics et des entrepreneurs, le foyer a permis de reconstituer des solidarités particulières.
Néanmoins la crise économique et sociale, de même que l’hostilité publique manifestée à l’endroit de ces foyers et de ses usagers depuis plus de vingt ans, ont des effets sur cette solidarité.
Parce que la deuxième caractéristique actuelle des foyers c’est la paupérisation : ce ne sont plus des foyers de travailleurs. Il y a moins d’un tiers des usagers de foyers qui sont salariés, l’autre tiers étant composé de retraités et de pré-retraités, et le dernier tiers de bénéficiaires d’allocations sociales (RMI, chômage de longue durée etc..).

Dans ces conditions, la dégradation continue du niveau de revenu dans les foyers limite les possibilités d’expression concrète d’une solidarité collective.
Derrière les chiffres bruts de 135 000 résidents et de 800 foyers, se cachent une multitude de situations concrètes très diverses : quand vous résidez à Manosque dans les Alpes de Haute Provence, à Montpellier ou à Trappes dans les Yvelines ou bien à Strasbourg ou bien encore à Oyonnax, cela se traduit par un mode de vie et par un environnement très différents. A Paris par exemple, on trouve dans les foyers de jeunes travailleurs maliens et sénégalais qui ont des taux d’activité très élevés, avec des revenus « corrects » d’ouvrier de bâtiment ou d’employé dans les services. En province par contre, à Bourges, à Fumay-Revin, par exemple vous trouverez majoritairement de vieux Maghrébins ou de vieux « ex-nouveaux-toujours-très-pauvres », un quart des usagers de foyers sont de nationalité française, qui ne sont pas d’anciens migrants et dont les modes de vie sont très différents de ceux d’un jeune ouvrier qui vit dans un foyer à Paris dans le 13ème ou le 19ème.
Il n’empêche que la conjonction de ces deux tendances socio-démographiques très puissantes, de vieillissement et de paupérisation, ont modifié radicalement la face cachée des foyers. Cet univers qui a toujours été plutôt clos, replié sur lui-même même si des contacts ont toujours existé avec l’espace environnant, a tendance à s’effondrer sur lui-même, on pourrait dire qu’il est actuellement dans une phase d’implosion.

Le foyer de travailleurs comme maison de retraite pour arabes

Le vieillissement n’est pas seulement endogène : ce ne sont pas seulement les usagers anciennement installés dans ces foyers qui ont vieilli. S’est ajoutée une population extérieure déjà vieille qui vient les rejoindre. Pourquoi ? Parce que les familles « issues de l’immigration », comme on les appelle en France, je me demande d’ailleurs jusqu’à quand on continuera à les appeler de cette manière, qui ont des personnes âgées dans leur domicile ont tendance à orienter leurs vieux dans ces foyers considérant que c’est une meilleure solution pour eux que d’aller dans un foyer de personnes âgées où il y a essentiellement des femmes âgées de plus de 80 ans et qui sont blanches. On envoie donc les vieux issus du Maghreb dans les foyers de travailleurs migrants et on renforce ainsi ce mouvement de vieillissement. Cette solution est intéressante pour les gestionnaires :
Ils considèrent que tous les arabes « savent se servir des foyers »
En regroupant les arabes entre eux, ils estiment qu’ils auront moins de problèmes, selon une vision ethnique héritée de l’époque coloniale
De plus, la plupart de ces vieux sont solvables : ils sont retraités et donc ils auront moins de problème de récupération des redevances (ce qui fait fonction de loyer).



Les ex-nouveaux pauvres : les nouveaux usagers des foyers

La paupérisation est non seulement aggravée par la dégradation des conditions de vie des usagers mais aussi par le fait que la plupart des populations qui rejoignent le monde des foyers depuis une quinzaine d’années, sont des populations pauvres ou très pauvres. Ces populations pauvres qui rejoignent les vieux « ex-nouveaux-toujours-très-pauvres » déjà présents dans les foyers depuis les années 1960, sont de moins en moins des usagers volontaires de ces logements. Ce sont de plus en plus souvent et dans des proportions qui frôlent parfois les 100 %, des populations prises en charge par des dispositifs sociaux, qui sont orientés de façon plus ou moins contrainte vers des espaces vacants du monde des foyers. Les demandeurs d’asile, les sans-abri, les familles monoparentales, sont orientés de plus en plus de force vers les foyers. L’avantage pour les gestionnaires c’est que ces populations sont totalement prises en charge par les pouvoirs publics. Et le gestionnaire n’a plus une relation contractuelle directe avec l’usager, il a des relations directes avec le Ministère de l’immigration ou des Affaires sociales qui fait un chèque tous les mois, avec un prix de journée par usager. Ces nouveaux usagers des foyers ne sont pas des locataires. Ce ne sont pas des personnes libres de leurs décisions. Quand vous êtes une famille mono-parentale expulsée et que vous êtes relogée dans un foyer par la Préfecture ou par la DASS ou par la mairie, on ne vous demande pas votre avis. Si vous êtes un demandeur d’asile, vous êtes orienté vers un CADA qui est installé dans un foyer et on ne vous demande si cela vous convient : vous avez 18 mois au grand maximum pour obtenir une réponse à votre demande d’asile : soit vous obtenez le statut de réfugié et vous quittez le CADA à la fin de cette période, soit vous êtes débouté et vous êtes alors viré du foyer manu militari. Vous êtes chassé alors soit par les gestionnaires de foyer, soit par la police qui entre dans le foyer et qui vous emmène directement au centre de rétention le plus proche.

Si les usagers des foyers n’étaient pas à proprement parler des locataires à part entière du point de vue du droit, les luttes des années 1970 leur avaient néanmoins permis d’obtenir des droits supplémentaires et qui sont remis en cause aujourd’hui d’une façon très brutale. Par rapport aux grandes luttes urbaines des années 1970 dans le monde des foyers, des bidonvilles, des banlieues, visant à améliorer le rapport asymétrique entre propriétaire et locataire en faveur du second, nous sommes entrés dans une phase de régression sans équivalent. La plupart de ces usagers de ces espaces ne sont plus dotés de droits mais sont devenus des « cibles » de dispositifs sociaux. Cela change tout en termes de liberté d’aller et venir, de droits élémentaires. Ce n’est plus vous qui payez le loyer, ce n’est plus vous qui décidez combien de temps vous pouvez rester sur place. Vous ne pouvez donc plus en état d’établir un rapport de force avec votre propriétaire lors d’un conflit même basique. C’est certainement un des éléments les plus préoccupants de la situation actuelle. Et il faut comprendre cette perte de droit et de liberté pour les usagers actuels et à venir dans un contexte de recul des protections dans le monde du travail et de dégradation accélérée des droits au séjour.



Prévenir les mobilisations des usagers

l ne s’agit donc pas seulement de la traduction dans les foyers d’une dégradation qui toucherait globalement la classe ouvrière et les rapports salariaux. Cette transformation du monde des foyers en un monde encore plus dur et plus brutal qu’il ne l’était déjà – il paraissait pourtant difficile de faire plus « sauvage » que le monde des foyers dans les années 1970-1980, tient aussi d’une volonté encore plus forte des pouvoirs publics de changer radicalement la donne dans cet univers résidentiel si particulier.
Lorsque les usagers se sont coalisés à l’échelle nationale entre 1973 et 1980, ils ont réussi au prix d’une très longue lutte, vraisemblablement la plus grande mobilisation sociale et politique des étrangers en France au 20ème siècle, à obtenir des avancées réglementaires tout à fait significatives (encadrement des prix, obtention de l’allocation logement, transformation des règlements intérieurs et contractualisation). Ces conquêtes se sont avérées être une victoire à la Pyrrhus car les militants les plus acharnés des droits des usagers des foyers ont été les premiers à être expulsés – et ils n’ont pas bénéficié des avancées qu’ils avaient contribué à obtenir. Par ailleurs les pouvoirs publics ont gardé cela en mémoire et ont décidé reprendre le contrôle dans le monde des foyers. Les modalités de cette nouvelle Reconquista ont été longues à se dessiner. C’est désormais chose faite.



Ceci n’est pas un foyer ! Ceci est une résidence sociale !

Pour changer cette situation, la première phase au début des années 1990 a consisté pour les pouvoirs publics de reprendre en main la Sonacotra.
La Sonacotra forte de ses leviers financiers et fonciers, cherchait alors à s’affranchir de sa mission sociale et de sa réputation de logeur d’immigrés et à se lancer dans toutes sortes de programmes immobiliers, dans le logement des cadres, des personnes âgées non étrangères et non pas à remplir des missions sociales comme son conseil d’administration aurait pû l’exiger. Les pouvoirs publics remettent alors la main sur la Sonacotra, nomment des dirigeants qui ont pour mission de réintégrer l’entreprise dans les politiques de lutte contre l’exclusion en fournissant un élément déterminant, le logement. L’image qui l’associe à l’immigration constitue un obstacle pour ses programmes immobiliers et fonciers. Les maires qui ont obtenu de nouveaux pouvoirs dans le cadre des lois de décentralisation, peuvent préempter les terrains, refuser une extension, empêcher une réhabilitation et une construction en disant plus ou moins ouvertement « nous ne voulons pas construire des logements pour des immigrés ».
Les pouvoirs publics relancent la Sonacotra et les autres gestionnaires de foyers comme un laboratoire explorant des nouvelles pistes résidentielles pour loger non pas les migrants mais la grande pauvreté : les sans-abri, les demandeurs d’asile, les gens du voyage, les familles mono-parentales, les jeunes des quartiers difficiles, les familles africaines, les squatters, etc. La Sonacotra a mis longtemps à se transformer mais elle a bénéficié comme à chaque fois de moyens considérables et notamment la transformation du cadre réglementaire et législatif autour des foyers qui est intervenue en 1994. A cette occasion les foyers de travailleurs migrants disparaissent en tant que tels. Et les pouvoirs publics intègrent l’ensemble des foyers – foyers pour jeunes travailleurs – foyers pour personnes âgées- foyers d’hébergement – foyers d’urgence – dans une nouvelle dénomination et dans la nouvelle réglementation des « résidences sociales ». Ceci n’est pas un foyer ! Ceci est une résidence sociale !




Une grande partie des foyers ne pourra pas passer concrètement en résidence sociale

Le passage en résidence sociale, selon la nouvelle terminologie, de ces 800 établissements de foyers de travailleurs migrants doit se faire, comme souvent dans ces programmes, au prix d’une élévation des normes. C’est comme cela que les pouvoirs publics « vendent » très souvent des politiques sociales en disant « cette réglementation est destinée à améliorer les conditions de vie, à répondre à la crise du logement, etc. » Le problème c’est qu’en étudiant comment ces bons sentiments sont mis en musique, on s’aperçoit une nouvelle fois que les usagers des foyers sont les « dindons de la farce » – si je peux m’exprimer ainsi.
Une grande partie des foyers ne pourra pas passer en résidence sociale : ce sont les foyers les plus anciens, les plus mal situés, les plus mal construits et qui sont peuplés à plus de 90% de personnes âgées et immigrées. Pourquoi ? Parce que cela coûterait beaucoup trop de mettre aux normes ces bâtiments qui ne l’ont jamais été. Comment faire pour loger ou reloger dans des conditions normalisées les 250 vieux maghrébins avec des petites retraites – quand ils ont une petite retraite et non pas un minimum vieillesse! – après avoir essayé de reconstituer tant bien que mal leur carrière professionnelle – qui vivent dans des chambres de 4, 5 m2 d’un foyer du côté de Longwy par exemple ? Qui voulez-vous qui accepte d’investir ne serait-ce qu’un euro dans un bâtiment pareil ? Un bâtiment plus cher à détruire qu’à construire, de type poteau-poutre impossible à transformer. Et pour faire passer ces chambres de 4, 5 m2 en 9 m2 ou en 12 m2 pour respecter les normes, il faut trouver deux terrains, à côté du premier, pour accueillir les 2/3 des résidants qu’il va falloir reloger ailleurs.
Aucun maire ni à Longwy ni en région parisienne et a fortiori à Paris ou à Marseille, ne va donner comme cela deux terrains bien situés dans une zone qui s’est résidentialisée depuis la construction du foyer dans les années 1960, pour reloger de vieux travailleurs immigrés. Au mieux ces foyers-là vont rester comme ils sont, au pire ils seront désaffectés. Ils ont déjà été le prétexte de toute une série de manipulations financières. Dans mon ouvrage, je démontre qu’en dépit des innombrables programmes de rénovation des foyers qui se sont succédés année après année depuis les années 1970, les usagers réels n’en ont jamais bénéficié. Il n’y a jamais eu de réhabilitation de ces foyers, ils n’ont jamais été entretenus, ils n’ont jamais été ne serait-ce que repeints. On n’a jamais mis à niveau quoi ce soit à l’intérieur de ces foyers. En revanche, l’argent a bien été dépensé mais ailleurs et pour d’autres programmes.
L’essentiel des foyers qui vont passer en résidence sociale, sont ceux qui sont déjà peu ou prou aux normes, où les travaux nécessaires ne sont pas très importants. De deux choses l’une :
soit ces travaux sont déjà programmés et la nouvelle manne financière qui est disponible depuis une dizaine d’années, trouve à se dépenser assez facilement
soit les travaux sont considérables et donc on ne fait pas les travaux et on trouve un statut dérogatoire pour les foyers intransformables et on va attendre, du moins c’est que je pensais jusqu’à peu, que petit à petit les vieux usagers meurent ou rentrent au pays.
La situation en fait est plus compliquée : ce nouveau programme qui est en cours d’application de passage en résidence sociale, est l’occasion rêvée pour les pouvoirs publics de régler quasiment une fois pour toutes le cas des foyers, des leurs occupants et l’ensemble des problèmes d’images qui vont avec.
Je m’explique : une opération de rénovation d’un foyer est l’occasion de se débarrasser de 70 % des usagers des foyers. Mettre aux normes un foyer c’est la possibilité, avec l’accord de la préfecture, de la municipalité, des associations, des gestionnaires, des riverains, des grandes institutions nationales de rénovation urbaine, de procéder à une sélection des habitants des foyers, d’en garder 1/3 et de se débarrasser des 2/3 qui restent. Prenons à nouveau le cas d’un foyer de 250 chambres de 4, 5m2 et demi : la rénovation qui permet de le mettre aux normes se conclu systématiquement par une réduction de 60 % des capacités du foyer. Ne serons relogés sur place qu’un petit tiers des occupants initiaux. Et les 2/3 restants vont être expulsés. La moitié de cette population expulsée va être relogée ailleurs, plus loin, en périphérie de l’agglomération. L’on dit au vieux migrant isolé qui habite le foyer depuis des années « Tu vas maintenant habiter à quatre kilomètres d’ici, loin du marché, loin du bar PMU, loin de la salle de prière, loin de tes amis, loin de tes voisins »! C’est vraiment un acte très brutal que de déménager une personne âgée.
L’autre moitié de la population délogée n’a pas les caractéristiques qui permettent le relogement selon le décret Résidences sociales (du 23 décembre 1994) est simplement expulsée du logement et se trouve renvoyée vers la rue et l’un de ces processus de maintien en mobilité permanente qui sont le 115, les dispositifs d’urgence, etc…




Remettre en mouvement les populations indésirables

Les pouvoirs publics et les acteurs locaux et régionaux ont trouvé une manière de remettre en mouvement un certain nombre de populations qu’ils considèrent comme illégitimes à occuper l’espace qu’elles occupent. Les usagers des foyers ne sont qu’une partie de ces populations. Les grandes familles africaines qui sont victimes de la destruction de leurs immeubles dans le cadre des opérations de rénovation urbaine, sont elles aussi remises en mouvement et on les déplace pour pouvoir récupérer l’espace qu’elles occupent et pour modifier la composition démographique de ces territoires. J’étudie actuellement une série de programmes de rénovation urbaine qui sont l’occasion de se débarrasser du foyer, de faire disparaître une barre d’immeuble dans laquelle vivent des populations particulièrement défavorisées et de les disperser ou de les déplacer le plus loin possible. Tout cela au prétexte de favoriser la « mixité sociale » et de lutter « contre les exclusions ». L’objectif réel des politiques actuelles du logement dit « très social » est de remettre en mouvement et de maintenir dans une mobilité permanente et dans l’infra-droit des populations « à risque » considérées comme indignes et illégitimes à occuper l’espace urbain.
Les cibles de cette mise en mouvement, ce sont ceux que l’on appelle les sans-abri, ce sont les familles des gens du voyage, ce sont les demandeurs d’asile, ce sont de ménages pauvres, de travailleurs mobiles et très précaires maintenus dans des statuts provisoires et dans des espaces provisoires. D’ailleurs ce ne sont plus seulement les statuts d’occupation qui sont provisoires – ce sont les lieux mêmes qui sont maintenant provisoires : l’exemple le plus caricatural mais pourtant en train de se généraliser, ce sont les « programmes de stabilisation ».
A Paris, des centaines de places de « stabilisation » ont été ouvertes. Même le mot est obscène ! Les populations expulsées et dans la rue, pour lesquels même le 115 n’a plus de place vont se « stabiliser » quelques heures, quelques jours, quelques semaines mais sans pouvoir s’installer. L’objectif des pouvoirs publics locaux ou nationaux est d’empêcher ces populations de faire souche, de prendre racine quelque part. Et donc non seulement leurs statuts d’occupation sont au-delà de la précarité, ils n’en ont pas pour la plupart, ils ne sont que de simples « contingents », - les statistiques ne portent pas sur eux mais sur les places qu’ils occupent, mais ce sont les lieux-mêmes qui sont précarisés : les places de stabilisation sont installées dans des bâtiments qui sont censés être détruits à l’issue du fonctionnement à durée limitée: soit il s’agit d’habitat préfabriqué de type Algéco et donc on va récupérer les modules à la fin lorsque le terrain va être récupéré ; soit c’est le bâtiment lui-même qui va être détruit. A Paris, la majorité des places de stabilisation se trouvent dans des bâtiments désaffectés destinés à la destruction.
La réponse des pouvoirs publics à la possibilité d’installation de ces populations dans l’espace public et urbain est de leur ôter des droits et de les déterritorialiser en veillant à empêcher qu’elles occupent et s’approprient un espace.

On pourrait rapprocher cette méthode d’ailleurs de la manière dont on rend les espaces urbains inoccupables, en aménageant un espace hostile comme dans le métro par exemple, en murant un squat, en mettant du gas-oil dans des bunkers sur les plages autour de Calais pour que les migrants dit clandestins ne puissent s’y installer, ou bien encore en ruinant des caravanes des gens du voyage etc. Ce n’est plus une politique de logement social des catégories défavorisées mais une stratégie de délogement de groupes considérés comme indésirables et nuisibles.

Je vous remercie.
Marc Bernardot




Pour en savoir plus :

Bernardot, M. (2008). Loger les immigrés : La Sonacotra 1956-2006, éditions du Croquant, 296 p
Bernardot, M. (2008). Camps d'étrangers, éditions du Croquant, 224 p

Sayad, A. (1999). La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré, Le Seuil. 438 p

Le Cour Grandmaison, O. (dir.), (2009). Douce France. Rafles. Rétention. Expulsions, Le Seuil. 300 p


La page personnelle de l’auteur :
http://www.reseau-terra.eu/article202.html




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