Guerre d’Algérie 1954-1962 : Ces officiers qui ont dit non à la torture

Date 18/6/2007 16:19:49 | Sujet : Algérie

Guerre d’Algérie 1954-1962 : Ces officiers qui ont dit non à la torture

Par Jean-Charles Jauffret

Transcription de la conférence publique qui s’est tenue à la Maison fraternelle (Paris V) le 19 juin 2006 à l’initiative de l’ACAT Paris V.
L’ACAT Paris V remercie vivement Monsieur le Professeur Jean-Charles Jauffret (1) pour son soutien amical et pour la qualité de son intervention.
La spirale infernale de la violence

Je vais donc vous présenter le livre que j’ai écrit sur ce sujet. (2)
Je recommande de commencer la lecture de ce livre par la conclusion. Pour la première fois, comme le suggérait Raymond Aron, l’historien s’est comporté en spectateur engagé. Je suis en effet descendu dans l’arène et de là j’ai essayé de dire : « Halte au feu ! Regardez les erreurs qui ont été commises et tâchez de ne pas refaire les mêmes. »

En effet, j’ai été interpellé par deux événements :
Le premier est franco-français : en écoutant le journal de France 2 présenté par David Pujadas, j’entends les mêmes mots que ceux employés pendant la guerre d’Algérie que ce soit en 1957 ou en 1961, une sorte de banalisation de la violence, une banalisation du mot « torture » dans la vie quotidienne des Français . On apprend que la jeune Sohane (3) a été torturée, violée et brûlée ; d’autres jeunes filles sont victimes de viols collectifs que l’on filme avec un petit appareil de photos pour le montrer aux copains ; ou encore le meurtre de Ian Halimi (4) assassiné après avoir torturé par un gang autonommé « les barbares ». À cela s’ajoutent des « bavures » policières qui sont notamment rapportées dans le livre Place Beauvau (5) qui n’a pas été sans me rappeler certains épisodes de la guerre d’Algérie même si nous ne sommes pas arrivés à des stades aussi extrêmes que ceux constatés alors. Tout cela semble témoigner d’un délitement de la société française.
L’autre raison : il faut remonter au 11 septembre 2001- un épisode que je ne peux toujours pas accepter avec ces deux tours qui s’effondrent et qui est suivi d’une guerre fondée sur le mensonge. Pour moi, un soldat américain est nécessairement un soldat qui libère ; cela constitue mon héritage d’historien ; un soldat américain ne peut pas être un tortionnaire et bien si ! Les États Unis sont en train de nous amener une seconde bataille d’Alger à l’échelle planétaire. Je retrouve dans les discours américains les mêmes déviances : « Guantanamo, c’est tout simplement une prison un peu plus musclée ; les prisonniers ont des chaînes au pied, on leur envoie un faisceau de projecteur sur le visage, tout cela n’est pas bien méchant, ce n’est pas de la torture ». Et bien si !
Nous sommes aujourd’hui plongés dans l’univers d’Orange mécanique (6)

Je voudrai rappeler que l’article 5 de Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU de 1948 interdit toute forme de torture et de traitements inhumains ou dégradants, une interdiction reprise par la convention internationale contre la torture du 10 décembre 1984.
Quand on me dit : frapper quelqu’un avec un bottin de téléphone, casser la mâchoire d’un suspect en lui assénant un coup de poing ou encore violer la femme du suspect devant lui, ce n’est pas de la torture ; certes c’était peut-être excessif…
Et bien non ! Il s’agit bien de torture comme le précise l’article premier de la convention contre la torture :
« le terme \"torture\" désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d\'obtenir d\'elle ou d\'une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d\'un acte qu\'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d\'avoir commis, de l\'intimider ou de faire pression sur elle ou d\'intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu\'elle soit, lorsqu\'une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. »
La lutte contre le terrorisme ne saurait donc justifier l’usage de la torture.


Parler de la torture aussi en tant qu’historien

Il m’est souvent bien difficile de me faire entendre sur un tel sujet. C’est un problème auquel sont confrontés de nombreux historiens que se trouvent confrontés à des « porteurs de mémoire » qui estiment parfois être les seuls détenteurs de la vérité. Par exemple, certains ont dû mal à entendre que la guerre d’Algérie est une guerre polymorphe qui échappe à toute réduction manichéiste. Je rappelle parfois qu’en 1962 les membres de la plus grande zone militaire de libération nationale (wilaya) combattaient en entonnant le chant des partisans en français et ce simple rappel notamment choque souvent des interlocuteurs de l’autre camp qu’il soit français ou harki.
Les officiers de libération nationale se sont posés les mêmes questions que les officiers français.
Les officiers de l’armée de libération nationale qui a atteint une apogée en effectif en 1958 avec 50 000 hommes dont 30 000 aux frontières, se sont posés les mêmes questions concernant les exactions durant cette guerre qui a été atroce et certains ont même condamnés la torture : Zoubir pour l’Oranais, le commandant Azzedine (« l’ami de Bigeard ») pour l’Algérois, le commandant Bouderbala pour le Constantinois, le colonel Lotfi, chef de la Wilaya oranaise, le plus grand de tous, mort les armes à la main.
Ils ont réagi de la même manière que le général de la Bollardière quand ils ont appris que leurs combattants coupaient des nez, des mains…

Pour eux, de telles pratiques ne pouvaient que pousser leur adversaire à commettre des exactions de même nature et les deux parties seraient immanquablement entraînés dans une spirale de la violence. De plus, les exactions des combattants de l’armée de la libération ne pouvaient qu’encourager, ces officiers a en étaient bien conscients, le recrutement des harkis dans l’armée française.
Selon les estimations de Gilbert Meynier (7) , plus de 7 000 combattants algériens ont été victimes de leurs « frères », victimes de purges féroces. Le cas de Rémy Mauduit est significatif à cet égard (8) .
Comme le faisait remarquer Albert Camus, chacune des parties en présence s’est autorisée les excès de l’autre.
La guerre d’Algérie n’est pas facile à définir : c’est d’abord une guerre civile entre Algériens, une guerre civile entre Français avec le putsch d’Alger en 1961, une guerre où l’ennemi n’est ni nommé ni reconnu, une guerre qui se déroule dans ce qui est alors un département français et qui n’est pas officiellement déclarée de peur que l’ONU vienne y mettre son nez.



Ces officiers qui ont dit non à la torture

Cette absence de reconnaissance de l’adversaire a encouragé le développement de la torture qui, dès avril 1957, au cœur de la Bataille d’Alger, est dénoncée par Michel Rocard, jeune énarque alors, dans un rapport qu’il adresse à la SFIO (9) .
Les débats sur la torture au sein d’une armée de plus 400 000 hommes sont vifs même s’ils ne filtrent pas à l’extérieur. Les officiers qui la dirigent, sont en effet d’origines et de sensibilités très diverses : des anciens résistants, des officiers qui ont répondu à l’appel du 18 juin 1940 …
Le premier piège qu’il faut éviter dans ce débat c’est celui de l’anachronisme.
Aujourd’hui, les effectifs de l’armée sont très réduits et de nombreux officiers sont recrutés sur la base de contrats à durée déterminée de 3 à 5 ans.
À l’époque, avant Vatican II, c’est le règne de la devise « Dieu et devoir » pour les catholiques. On entre dans l’armée comme on entre au séminaire. On ne peut quitter l’armée que de deux façons : soit mort soit à la retraite. C’est le règlement des armées de 1933 : vous ne pouvez pas vous soustraire à un ordre donné, émettre une objection même en tant qu’officier. Ceci explique que les officiers qui se sont exprimés publiquement contre la torture, ont été si peu nombreux. Le statut militaire ne le permettait pas.


Aujourd’hui les choses ont bien changé comme en témoigne notamment l’affaire Mahé (10) .
Je vais aborder la suite de mon exposé selon deux angles : le commandement et les cas de conscience.
Je laisse de côté un volet entier de la torture : celui du viol des femmes algériennes, une pratique que l’on qualifiait à l’époque d’ »indélicatesse envers les femelles indigènes». Quand on était poli, on employait le terme de femmes indigènes pour parler les femmes algériennes. Quand on était extrêmement poli, c’était l’expression « françaises musulmanes » qui était utilisée. Je vous recommande la thèse remarquable de Raphaëlle Branche sur ce sujet.


Le commandement

Comment des militaires en sont venus à torture dix ans après la chute du régime nazi ?
La torture était également contraire à la tradition des officiers des affaires algériennes musulmanes (appelés les « OAAM »). Pour les héritiers de Lyautey, une directive de 1927 interdisait toute violence et il fallait respecter les indigènes qui disposaient de la nationalité française (mais pas de la citoyenneté française (11) ).
Comme le retrace le romancier algérien Azzédine Bounemeur, l’auteur d’une saga intitulée « Les Lions de la nuit » (12) , une tradition de violence existait dans les forces de police.
Toutefois, dans l’ouvrage que j’ai consacré à l’étude des archives militaires (13) , j’ai pu relever une circulaire très ferme diffusée en 1949 par le gouverneur général d’Algérie, Marcel-Edmond Naegelen (14) , un protestant qui prenait les valeurs de la République très au sérieux, qui interdisait la violence comme moyen d’investigation (même si, par ailleurs, celui-ci n’était pas trop regardant en ce qui concerne la pratique du bourrage des urnes).
Un an auparavant, un ami d’Albert Camus, Emmanuel Robles avait écrit l’un des plus grands romans écrit sur l’Algérie, « Les hauteurs de la ville » (15) et qui confirmait les méthodes « fortes » employées par la police et la gendarmerie.
Si bien que Marcel-Edmond Naegelen fût obliger de renouveler la diffusion de sa circulaire dès l’année suivant la première diffusion. Son successeur, Roger Léonard , à son tour, diffusera à nouveau une circulaire identique en 1951. On retrouvera trace encore de cette circulaire en mars 1955 dans le rapport de l’inspecteur général Willeaume qui reprend mot pour mot la circulaire de 1949 et qui a été bien étudié par Raphaëlle Branche. Tout cela prouve bien que l’application de cette circulaire laissait à désirer.


Cette pratique de l’usage de la violence comme méthode d’investigation va se généraliser au tout début de la guerre d’Algérie en novembre 1954 à l’occasion de la première série d’attentats coordonnés de la révolte algérienne, François Mitterrand étant alors ministre de l’Intérieur. Au lieu de prendre le temps de remonter les filières comme le font habituellement les services de renseignement, le gouvernement décide de boucler tout le monde et c’est le début de la catastrophique opération de police baptisée « orange amère ». Plus 10 000 algériens sont mis sous les verrous dont les ¾ étaient des informateurs de l’État français. Si bien que du 1er novembre et le 20 novembre 1954, les services de renseignements deviennent sourds et aveugles. Seront également arrêtés des collaborateurs de Ferhat Abbas (16) qui ne manqueront pas de rejoindre par la suite le F.L.N.
Les militaires comme par exemple l’unité célèbre baptisé le 11ème choc (17) , qui reviennent d’Indochine ou du Maroc où les combats ont été particulièrement rudes, sont désorientés. Ils n’arrivent pas à frapper « l’ennemi ». Ils essayent toutefois de maintenir les règles républicaines notamment dans les Aurès les unités parachutistes du colonel Ducourneau. Et petit à petit, l’armée va être pris dans un engrenage. Prenons par exemple le cas de l’unité mécanique d’élite commandée par le Général Beaufre qui revient d’Allemagne et qui se trouve tout à coup affectée en Kabylie dont la géographie se prête mal à un déploiement de chars d’assaut. Un jour, un groupe de combattants algériens est capturé et l’officier de renseignement signale à son commandement que c’est la deuxième fois que l’unité capture les mêmes combattants. Lors de la première arrestation, le juge d’instruction n’a pas trouvé de preuves pour les inculper et ils sont donc relâchés. Et maintenant les voilà à nouveau capturés comme suspects d’un nouvel attentat. Le général Beaufre se demande bien que faire et interroge le procureur de Tizi Ouzou qui lui répond qu’il n’a qu’à « s’en débarrasser ».
Nous sommes dans le cadre d’une législation valable en temps de paix puisque la guerre n’est officiellement déclarée ce qui va amener progressivement des déviances.


La première déviance c’est la loi d’urgence du gouvernement Edgar Faure (18) du 3 avril 1955. J’ai d’ailleurs été choqué quand le gouvernement actuel dirigé par Monsieur de Villepin a décrété en 2005 l’état d’urgence en se fondant sur les textes adoptés durant la guerre d’Algérie.
Puis la nouvelle loi votée en 1956, à l’initiative du gouvernement de Guy Mollet et avec le soutien du parti communiste, qui autorise les « pouvoirs spéciaux ». (19) La IVème république confie ainsi les pouvoirs de police à l’armée. Viendra ensuite le temps des représailles collectives.


Ainsi, le recrutement du FLN qui pratique lui-même la terreur sur le peuple algérien – on ne peut être qu’ami ou ennemi du FLN- va néanmoins largement bénéficier des exactions de l’armée française.
Les représailles collectives apparaissent la première fois dans une circulaire du 15 mai 1955 rédigée par le général Parlange, pourtant un bon connaisseur de l’Algérie et qui commande la zone des Aurès. Elle stipule que « tout rebelle pris les armes à la main sera exécuté séance tenante ». La formule « les armes à la main » est particulièrement floue et autorise toutes les interprétations.
Se met en place ensuite le 15 juin 1955 la politique du général Allard (20) qui affirme que toutes les populations proches du lieu d’un attentat sont responsables.


C’est ainsi que se met en place les fameuses « corvées de bois » : on annonce au détenu qu’il est libre et qu’il peut partir et.. quelques instants après, on l’abat dans le dos d’une rafale de pistolet mitrailleur MAT 49. Généralement, les détenus que l’on fait semblant de libérer, sont en très mauvais état physique. Ils ont été torturés. Mon collègue, l’historien Gilbert Meynier, estime que 21 132 « fuyards » ont été ainsi abattus et comptabilisés par les autorités françaises. Il a rapproché ce décompte au nombre total de combattants abattus (soit 145 195 rebelles abattus reconnus par les sources militaires françaises) ce qui donne le ratio de 14%.
Ces 21 132 « fuyards » représenteraient en fin de compte le nombre des personnes les plus gravement torturées comme l’avait été auparavant Jean Moulin au cours de la Seconde guerre mondiale.
Ce chiffre ne représente donc pas le nombre total des personnes torturées qui doit être plus élevé mais qu’il est impossible à déterminer. Par les retournements malheureux de la guerre, ceux qui précisément avaient réchappé à la torture, se trouvaient dans l’obligation de rejoindre les harkis car leurs familles et leurs entourages n’auraient pas pu comprendre comment ils avaient pu ainsi échapper à leurs tortionnaires.
À partir de là, les déviances ont été de plus en plus importantes :
· création de zones interdites – il fallait détruire l’organisation politique administrative de l’adversaire (OPA)
· déportation de populations et création de plus de 202 centres de regroupement qui ont affecté plus de 2 millions d’algériens, ces centres ressemblant aux camps dans lesquels la République française avait regroupé les républicains espagnols dans le Sud de la France (Rivesaltes, Argelès-sur-Mer).
À cela s’ajoutèrent de nombreux crimes de guerre. On se référera au livre écrit à ce sujet par Pierre Vidal-Naquet (21) . Je ne citerai qu’un seul cas : en juin 1957, 21 prisonniers ont été « oubliés » dans une cuve à vin la veille d’un week-end alors que la troupe s’apprêtait à faire la fête et on les avait retrouvé asphyxiés.
En interrogeant plus de mille témoins avec l’aide de mon équipe du CNRS, j’ai constaté que les soldats s’ils ne s’étaient habitués à la mort (on dénombrera 21 000 tués dans les rangs de l’armée français, légion étrangère exclue), s’étaient en revanche habitués à la violence.


L’attitude des officiers

Comment se comportent donc ces officiers dans ces conditions ? Les officiers français ne sont-ils pas attachés au respect des règles de la guerre qu’ils ont eux-mêmes définies ?
Le précurseur des règles de la guerre n’est pas comme on le dit souvent le Hollandais Grotius (22) , mais un combattant des guerres de religion, compagnon d’Henri de Navarre, qui s’appelle François de La Noue (1531-1591) (23) dans son ouvrage Les Discours politiques et militaires paru en 1587 qu’il dédie au futur Henri IV. On y trouve cette phrase célèbre : « l\'ennemi qui résiste il faut se montrer superbe, et après qu\'il est vaincu il est honnête d\'user d\'humanité. ».
Une déclaration fort courageuse dans le contexte historique de l’époque.
Dans les armées régulières des régimes démocratiques du début du XXème siècle, cette tradition perdure bien avant la mise en place des conventions de Genève. Il n’y a pas d’exécutions de blessés ou de prisonniers. Le combat contre le régime nazi, incarnation de tous les déviances, renforcera cette tradition.
Lorsque les premiers agents du renseignement commencent à employer la « méthode forte » c’est-à-dire la torture, les officiers supérieurs s’y opposent. Et surtout parmi ceux qui revenant d’Indochine, ont pu constater les « dégâts » provoqués par l’usage de la torture qui conduit à faire basculer des populations entières dans la résistance et qui précisément s’étaient abstenues auparavant de s’engager dans le conflit.


Le commandant Lenoir par exemple, qui dirige le 3ème bataillon de Commandos Coloniaux Parachutistes (BCCP), dans une zone particulièrement difficile à soir le nord Constantinois, émet en septembre 1955 un ordre très précis : “Veillez particulièrement à éviter toute brutalité inutile.”
L’autre raison motivant le respect des règles de la guerre pour ces officiers part du constat que l’Algérie n’est pas formellement une colonie comme pouvait l’être l’Indochine (on ne peut pas se comporter de la même manière) et il s’agit de plus du dernier territoire sous contrôle français en dehors de la métropole. Il s’agit à tout prix de ne pas avoir à replier le drapeau.
Le lieutenant-colonel Marcel Bigeard lui-même en 1956 lorsqu’il prend le commandement du 3ème régiment de parachutistes coloniaux diffuse ses instructions à l’occasion d’une opération militaire dans lesquelles on retrouve des phrases comme celle-ci : « Séduire plutôt que de forcer ». Victime d’un attentat, il demandera explicitement à ses paras de ne pas chercher à le venger. Son dernier ordre, le 30 décembre 1956, avant qu’il n’intervienne dans la Bataille d’Alger, une opération qu’il qualifiera « de sang et de merde », est également très clair : « Aucune exaction ne sera tolérée ».
Un autre officier, Jean Pouget (24) , un ancien d’Indochine, qui commande des « rappelés » (25) lui aussi en août 1956 déclare : « les gens sont affamés surtout de justice et de dignité ».
Un Saint-Cyrien, âgé de 21 ans à l’époque de la guerre d’Algérie, relate dans le livre qu’il vient de publier (26) , l’entretien qu’il a avec son capitaine au moment de sa prise de fonction :
Son capitaine lui définit ses responsabilités : chef d’un sous-quartier (27) , chef de section et chef de poste avec, pour tous moyens: une harka (28) à cheval de 4 ou 5 gaziers et une escouade de 26 soldats français (parisiens, bretons …). Dès le premier soir, son poste est harcelé. Ses soldats répliquent. Il obtient de l’armée un mortier de 81 mm qui porte à 5 km. Il décide alors de prendre sous sa protection toutes les populations se situant dans un rayon de 5 km. Il fait venir des assistantes médicales, fait ouvrir des écoles et des dispensaires. Il pioche dans son épargne personnelle et organise des collectes pour réaliser des adductions d’eau. Dès qu’il y a une plainte, il assure lui-même la justice afin de répondre à la demande des populations comme l’avait si bien diagnostiqué Jean Pouget. Pour lui, les populations musulmanes font partie intégrante de la communauté nationale française et il faut donc agir en conséquence. Bien sûr, une telle attitude était le fait d’une minorité d’officiers.


Je ne développerais pas le sujet de la Bataille d’Alger de 1957, épisode où le gouvernement fait appel à l’armée pour rétablir l’ordre. Je souhaite toutefois préciser que la réaction du général de la Bollardière (29) n’est pas un fait isolé. Toutefois, il est le seul à aller jusqu’au bout de sa révolte en démissionnant de l’armée.
Les Français ne pouvaient pas ignorer que la torture se pratiquait à grande échelle : Paris-Match, Témoignage chrétien avec le dossier Jean Müller (30) .
Un grand écrivain de la résistance, Jean Bruller dit Vercors, (31) , publie un éditorial dans France-Soir pour dénoncer la torture et renvoie le 5 février 1957 sa légion d’honneur au président de la République, René Coty.
Puis viendra le tour de Pierre-Henri Simon (32) .
Et surtout l’événement du 19 mars 1957 : 357 personnalités les plus diverses écrivent une lettre au Président de la République « Il faut arrêter ces crimes ! ». Figurent dans la liste des signataires notamment : l’Abbé Pierre, René Capitant, Charles-André-Julien (33) ,
Le manifeste des 121 sera beaucoup plus tardif. (24)
Lorsque la Bataille d’Alger aura lieu, on ne pourra donc pas dire que l’opinion publique n’était pas au courant de la torture.
Bien sûr, la réaction du général de la Bollardière reste néanmoins minoritaire au sein de l’armée qui est engagée au combat et qui, de plus, est un des corps de la Nation. Comment donc dans ces conditions mettre en évidence des actions qui condamnent l’image qu’elle veut donner d’elle-même ?
Certains parachutistes ayant combattu en Indochine, comme le commandant Elie Denoix de Saint-Marc (35) , s’opposeront également, au cœur de la bataille d’Alger, à l’usage de la torture.
Plus de 584 centres de torture ont été recensés durant la guerre d’Algérie dont 14 à Alger avec la tristement célèbre villa Sesini et le centre de Béni-Messous par exemple.
Le commandant Elie Denoix de Saint-Marc a bien insisté sur l’absence de valeur des renseignements ainsi récupérés sous la torture et que les soldats ne devaient pas s’abaisser à ce type de pratique.
C’est à la suite de la mort sous la torture du jeune mathématicien Maurice Audin (36) que le colonel Godard (37) , responsable des services de renseignements pendant la bataille d’Alger, obtiendra de Massu le départ du sinistre commandant Aussaresses.
Le Général Fernand GAMBIEZ (1903-1989), Commandant le corps d\'armée d\'Oran (janvier 1959), va condamner de la manière la plus ferme l’usage de la torture avec une phrase toute simple : « la fin ne justifie pas les moyens ».


Le Lieutenant Colonel Louis FOURCADE, commandant du 8ème régiment de parachutistes coloniaux (38) , comme son successeur Le Lieutenant Colonel HUBERT de SEGUINS-PAZZIS, ont, de façon expresse, condamné les exactions de toutes sortes.
L’analyse de cette période par le biais d’entretiens avec les acteurs concernés, est une tâche particulièrement longue.
En onze ans, je n’ai « pu » interviewer que 70 officiers de réserve, 40 officiers d’active.
En étudiant les 190 lettres envoyées à sa famille par Jean Millaume qui faisait partie du 9ème régiment d’infanterie coloniale de 1956 à 1958 en tant que simple soldat, on constate qu’à partir de 1957, cet homme qui est très critique vis-à-vis de ses chefs, devient tout d’un coup silencieux. Il parle de ce qu’il mange, du paysage, de la quille… En 1958, on voit réapparaître sous forme codée une référence à son supérieur « Soleil (39) , il l’a bien pendue ».
En consultant les archives militaires, je découvre, dans le journal de marche du 9ème RIC 3ème bataillon, l’instruction donnée par le Lieutenant Colonel Thomas en juin 1958 : « Je ne tolèrerai d’aucun cadre ou homme de troupe aucun vol, viol, torture ou exaction ».
En novembre 1958, le lieutenant François Meyer, frais émoulu de Saumur, débarque à Oran après avoir affecté, au 23e Spahis, un régiment musulman. À la tête du commando Griffon, il exigera aussi de ses soldats qu’ils respectent l’adversaire.
Contrairement aux idées reçues, la valeur d’un renseignement obtenu sous la torture est très faible. D’autres méthodes sont bien plus efficaces comme en témoigne l’histoire des services de renseignement comme par exemple l’escadron électronique qui était doté d’avions capables de repérer les émetteurs radio de l’armée de libération nationale.


Le 12 novembre 1996 à Liverpool, j’ai interrogé un autre témoin, le capitaine Léger qui dirigeait à l’époque le groupe de recherche et d’exploitation. À la fin de l’entretien, il me confie qu’il n’a jamais torturé. Il avait inventé ce qu’on a appelé la « Bleuïte » (40) . Selon lui, la méthode la plus efficace consiste à distiller le doute. Il cite en exemple le cas de ce haut responsable de la résistance, arrêté par l’armée française, et dont il se doute que celui-ci doit être vraisemblablement un proche collaborateur d’ Abbane Ramdane (41) et d’Amirouche qui est responsable de la willaya 3 (l’armée insurgée de la grande Kabylie). Plutôt que de livrer cet homme aux services de renseignements du type Aussaresses, il « confisque » le prisonnier et l’amène dans son poste de commandement au cœur de la Kasba. Il lui demande de bien vouloir s’asseoir, lui propose une cigarette et s’adresse à lui en utilisant de terme de « commandant ». Les heures passent, les jours passent et le capitaine Léger continue à le traiter avec déférence. Le capitaine Léger ordonne à ses soldats de « gaver » de nourriture leur prisonnier de telle sorte qu’il prenne plusieurs kilos. Au terme de ce séjour d’une quinzaine de jours au cours de laquelle le capitaine et son prisonnier ont de longues de discussion à caractère philosophique, le capitaine finit par lui annoncer en s’excusant qu’il va être obligé de le livrer au centre Paul-Cazelle, de sinistre mémoire. Alors le capitaine Léger monte une mise en scène en accord avec les gendarmes : le prisonnier sera transféré dans une voiture légère vers midi à l’heure des embouteillages – deux des gendarmes feront semblant de s’assoupir…
Comme prévu, le prisonnier en profite pour ouvrir la portière qui n’était pas fermée, comme par hasard, et au moment où il est déjà loin, les gendarmes tirent quelques coups de pistolet en l’air.
Une fois que le prisonnier a rejoint ses camarades, après l’échange d’amabilités d’usage, ceux-ci ne manquent pas de remarquer qu’il a grossi…Il est donc fortement suspecté d’avoir trahi et il est alors torturé par ses anciens camarades ainsi que tous les officiers qui travaillaient auparavant avec lui.
Selon Gilbert Meynier, l’affaiblissement de la wilaya d’Amirouche, l’une des plus puissantes, est le résultat de cette technique de désinformation reposant sur le doute et qui a été baptisée la Bleuïte. Si bien qu’il y aura plus de résistants tués par les leurs que par le déclenchement du plan Challe (42) en 1959.



Les officiers confrontés à leur conscience individuelle

Ils sont soit militants communistes soit chrétiens.
Parmi les communistes :citons les cas de Marc Chervel et de Jean Brugier .
Parmi les chrétiens, l’un des cas que j’ai étudiés, est celui du sous-lieutenant, originaire de Nîmes et de religion catholique, appartenant au 7ème bataillon de chasseurs alpins qui a alerté en 1958 l’aumônier général des armées à Paris, ce dernier lui ayant conseillé de se taire.
L’autre cas, il s’agit de Jean Le Meur (43) , un protestant, qui ira jusqu’au bout de son engagement puisqu’on lui retirera son commandement et fera plus jours de forteresse.
Au sein de la 25ème division de parachutistes composée de 12 000 appelés et affectée dans une zone très troublée à savoir l’est de l’Algérie, l’aumônier d’origine basque, Henri Peninou, édite le 9 mai 1959 un petit texte ronéotée « notre vie chrétienne en Algérie » qui est un véritable manifeste pour les droits de l’homme.
À l’inverse, l’aumônier catholique, celui que j’appelle le « berger des loups », le Père Delarue affecté à la 10ème division parachutiste de Massu, une division composée de 4 600 soldats de métier, celle précisément qui sera engagée à Alger, ira jusqu\'à préconiser les «interrogatoires efficaces» aux témoins et aux non délateurs.
La guerre d’Algérie ne s’est pas limitée à la bataille d’Alger. On s’est battu partout .Lors d’un combat en février 1958 qui va durer sept heures dans les Aurès près de Batna, on dénombrera 20 tués dont 2 officiers et 33 blessés dans le 18ème régiment de chasseurs parachutistes auquel est affecté le Père Henri Peninou (44) . Le lendemain, dans la cour centrale du régiment, on aligne les cercueils couverts des drapeaux bleu blanc rouge et autour desquels l’ensemble du régiment, en grande tenu, est rassemblé , le colonel Jean-Marie de Sarrazin n’autorise pas le Père Peninou de porter l’aube car parmi les tués, il y a un juif et un musulman. Le Père Peninou est néanmoins autorisé à prendre la parole en tant qu’officier du régiment et au aumônier multiconfessionnel ; et il explique alors, montant sur une estrade compte tenu de sa petite taille, aux 950 parachutistes rassemblés qui sont armés jusqu’aux dents et qui n’ont qu’une seule envie : venger leurs camarades – il explique l’un des commandements de la Bible « Tu ne te vengeras point » (45) . Il ajoute : « les hommes que nous honorons aujourd’hui étaient bien nos compagnons, nos frères ; mais ceux qui les ont tués et que nous combattons, sont aussi vos frères. Ce sont des soldats comme vous. Ils ont donc droit à la dignité. On ne bâtit pas Dieu sur l’échec de l’homme. » . Son intervention semble avoir été efficace car aucune exaction n’a été constatée les jours suivants.


Un grand nombre des officiers que j’ai interviewés, m’ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas me dire s’ils étaient chrétiens ou bien socialistes. Ils ont bien insisté sur le fait que le respect du combattant découlait naturellement de leur attachement aux valeurs républicaines que l’armée française est censée incarner.
On retrouve de tels témoignages dans des romans comme « La grotte » de Georges BUIS (46) , « L’arbre de proie » de Jean-Marie SELOSSE (47) .



Les lents progrès de la déontologie militaire

Depuis la guerre d’Algérie, la plupart des responsables militaires n’auront de cesse d’éviter que de tels événements ne reproduisent, y compris dans nos engagements en Afrique (Tchad, Rwanda par exemple).
Certes, les progrès sont lents parfois non visibles et entachés d’incidents graves comme ceux de la grotte d’Ouvéa en 1988 (49) , l’affaire de Côte d’Ivoire (50) .
L’armée française est l’une des rares armées de s’être doté d’un code du soldat (51) distribué à tous les échelons de la hiérarchie. En décembre 2005, un pas supplémentaire a été franchi avec une circulaire qui stipule : « tout subordonné peut refuser d’exécuter un ordre illégal ».
La rapidité de la réaction extrêmement vive du chef d’état major des armées et comme celle de Madame la Ministre des Armées à propos de l’affaire de Côte d’Ivoire, témoignent de l’intérêt tout particulier que porte l’armée française au respect du droit.


Notes du transcripteur

1- Institut d’études politiques, Aix-en-Provence.
2- Algérie 1954-1962 : ces officiers qui ont dit non à la torture,Paris, éditions Autrement, 2005
3- Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, une jeune fille de dix-sept ans, était brûlée vive par un jeune caïd, dans un local à poubelles d’une cité de Vitry-sur-Seine.
4- Ian Halimi, vendeur de téléphones à Paris, est découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de torture et de brûlures, agonisant à proximité de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Il avait été enlevé le 21 janvier par un gang de ravisseurs, auto-surnommé « les barbares », qui réclamait à la famille une rançon d’environ 400.000 ou 450.000 euros.
5- Place Beauvau , La Face cachée de la police de Olivia Recasens, Jean-Michel Décugis et Christophe Labbé, Paru le : 01/02/2006 Editeur : ROBERT LAFFONT Isbn : 2-221-10384-X /
6- Orange mécanique (A Clockwork Orange) est le titre d\'un film réalisé et produit par Stanley Kubrick, sorti sur les écrans en 1971. On ne peut pas vraiment classer ce film dans un registre défini, il est très violent, un peu futuriste, a un côté parfois drôle et aussi dramatique. Orange mécanique est adapté du roman d\'Anthony Burgess, l\'Orange mécanique (A Clockwork Orange dans son édition originale britannique) publiée en 1962.
7- Historien, Gilbert Meynier a écrit notamment Histoire intérieure du FLN-1954-1962 (éditions Fayard, 2002) et co-écrit avec Mohamed Harbi, Le FLN, documents et histoire (éditions Fayard, 2004).
8- En tant qu’insurgé du Front de Libération Nationale (FLN), il s’est battu contre l’armée française pendant cinq années jusqu’à ce que ses camarades de combat, le suspectant de complicité avec l’ennemi l’emprisonnent et le torturent. Échappant à ses tortionnaires, Rémy Mauduit rejoint l’armée française et devient lieutenant, au service d’un commando qui pourchassait son ancienne cohorte FLN. Plus tard, quand le Président de la République Française, le général Charles de Gaulle concède l’indépendance de l’Algérie, R. Mauduit abandonne l’armée française pour rejoindre l’Organisation de l’Armée secrète (OAS), un groupe de dissidents dirigé par des officiers supérieurs français qui s’étaient violemment opposés à la politique algérienne du général de Gaulle. R. Mauduit ne passe que quelques jours avec l’OAS; il est rapidement arrêté et emprisonné par l’armée française. Il émigre aux États-Unis après sa libération et fait une longue carrière dans le monde des affaires qui le mène à effectuer de multiples voyages dans toute l’Afrique.
9- La section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) était un parti politique français. En 1905 au congrès du Globe, à Paris est signée l’unification du socialisme français (union du PSDF et du PSF), donnant suite au congrès socialiste international d\'Amsterdam de 1904. La SFIO, « parti du mouvement ouvrier », est née. Par la suite, la SFIO deviendra le Parti Socialiste, lors du congrès d\'Issy-les-Moulineaux en 1969.
10- Nous sommes le 13 mai 2005 en Côte d’Ivoire. Firmin Mahé marche avec sa compagne sur la route entre Duékoué et Man. Deux véhicules de l’armée française les dépassent, puis font demi-tour. L’homme s’enfuit. Les soldats de l’opération Licorne tirent et le blessent à la jambe. L’homme attrapé est embarqué dans un des véhicules, pour être transporté dans la ville de Man. Il n’y arrivera pas vivant, puisqu’en chemin, Firmin Mahé est assassiné, étouffé dans un sac en plastique. Les militaires pensent avoir réglé son compte à un bandit de grand chemin, un «coupeur de route», accusé de semer la terreur dans la région. La première polémique apparaît en octobre dernier, quand les circonstances de l’assassinat sont révélées. Quatre militaires sont poursuivis dans cette affaire, dont le général de corps d’armée, Henri Poncet.
11- Cette situation qui perdure jusqu’en juin 1958, reste une curiosité juridique qui étonne encore de nombreux historiens étrangers
12- LES LIONS DE LA NUIT [1985] , 348 pages, 140 x 205 mm. Collection blanche, Gallimard -rom. ISBN 2070704610.
13- Cf. La Guerre d\'Algérie par les documents, t. 2, Les Portes de la guerre 1946-1954, Service Historique de l\'Armée de Terre, Vincennes, 1998, in 4°, 1023 p,
14- Marcel-Edmond Naegelen est né le 17 janvier 1892 à Belfort et est décédé le 15 avril 1978 à Paris. Homme politique français. Il fut député socialiste, ministre et gouverneur général de l\'Algérie de 1948 à 1951
15- ed. Charlot Paris 1948, Prix Fémina 1948.
16- Né le 24 octobre 1899 à Taher (Constantinois), Ferhat Abbas est le fils d\'un caïd. Pharmacien à Sétif où il est conseiller municipal, et délégué à l\'Assemblée algérienne, il crée en 1938 l\'Union populaire algérienne. Il est engagé volontaire en 1939, et rédige, le 10 février 1943, le Manifeste du peuple algérien. Arrêté après les troubles de Sétif en 1945, il fonde, en avril 1946, l\'Union démocrate du Manifeste algérien (UDMA), destinée à promouvoir l\'idée d\'une République algérienne. Membre de la seconde Assemblée constituante française (1946), puis de l\'Assemblée algérienne (1948), il se rallie au Front de libération nationale (FLN) en septembre 1955, et devient président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), constitué au Caire le 19 septembre 1958, jusqu\'en août 1961. Il devient, après l\'indépendance (3 juillet 1962), président de l\'Assemblée nationale dont il démissionne en 1963 pour protester contre la domination exclusive du FLN. Exclu du FLN, il est mis en résidence surveillée jusqu\'en 1965. Il meurt à Alger le 24 décembre 1985. (source http://www.charles-de-gaulle.org)
17- commandos relevant du Centre parachutiste d\'instruction spécialisé [traditionnellement appelé \"11ème Choc\"] de Perpignan
18- Président du Conseil (du 23 février 1955 au 1er février 1956)
19- La garantie des libertés individuelles est suspendue et les forces de sécurité stationnés en Algérie ont désormais le droit de pratiquer des \"interrogatoires poussés\", d\'introduire des \"mesures d\'urgence\" ou d\'appliquer des \"traitements spéciaux\".
20- qui deviendra par la suite chef du corps d\'armée d\'Alger (1957-1960)
21- Les Crimes de l\'armée française Algérie 1954-1962, La Découverte, 2001
22- Hugo de Groot, dit Grotius (1583-1645) est l\'auteur de Droit de la guerre et de la paix (De jure pacis et belli), il se situe au tout premier rang des penseurs de la science juridique et de la philosophie de l’État. Avocat protestant hollandais, il a été conseiller de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Inspiré par Thomas Erastus, il a forgé une théorie de l’État et de la puissance civile dont il a présenté avec minutie et beaucoup de vigueur intellectuelle les articulations internes et internationales.
23- Gentilhomme huguenot, François de La Noue surnommé « Bras de fer », s\'est fait connaître comme chef militaire et mémorialiste des guerres de religion.
24- Il collaborera à l’écriture du film de Pierre Schoendoerffer, l’honneur d’un capitaine, 1982.
25- des jeunes gens ayant accompli leurs obligations militaires et pour lesquels la loi prévoyait qu\'ils restaient à la disposition de l\'armée trois ans encore.
26 Hourcade, Louis (1935-....)
Au pied du djebel Sidi Driss [Texte imprimé] : Algérie, décembre 1956-juin 1958 / Louis Hourcade. - Paris : Nouvelles éd. latines, DL 2006
27- L’équivalent de deux arrondissements de Paris
28- Le terme harka est antérieur à la colonisation. Il signifie, en arabe, mouvement. Les premières harkas de la guerre d\'Algérie, sont constituées en 1955 dans la région d\'Arris (dans les Aurès). En avril 1956, une circulaire du ministre-résident Lacoste fixa les règles de création, d\'organisation et d\'armement des harkas, \"formations temporaires dont la mission est de participer aux opérations de maintien de l\'ordre\". Source http://www.harkis.com
29- Le 8 mars 1957, L\'Express publie le premier épisode de Lieutenant en Algérie, le livre que JJSS a tiré de son rappel sous les drapeaux. Le chapitre qui paraît dans L\'Express met en scène de manière transparente, le général Jacques Paris de Bollardière, héros de la France libre et ancien chef des paras d\'Indochine. \"Bolo\" est révolté par la torture, le dit, et va le payer de sa carrière. Il déclara notamment : « La gestapo n’a jamais empêché la résistance d’exister »
30- Jean Müller est un rappelé, catholique et membre de l’équipe nationale « La Route » des Scouts de France. Tenté par un refus radical de la guerre d’Algérie, il témoigne de son parcours en Algérie. Son témoignage est une des sources qui a alimenté le débat sur la torture au printemps 1957.
31- Pacifiste jusqu\'en 1938, il est mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il entre ensuite dans la Résistance, sous l\'encouragement de Pierre de Lescure, et prend le pseudonyme de Vercors qui est le nom d\'un massif montagneux et d\'un maquis célèbre. En 1941, il co-fonde, avec Pierre de Lescure, les Éditions de Minuit, maison d\'édition clandestine et y publie sa nouvelle Le Silence de la mer. Il créé également le comité national des écrivains : le CNE; et participe aussi au Mouvement de la paix.
32- Professeur et écrivain. Révolté, pendant la guerre d’Algérie, par les méthodes des militaires français contre les terroristes algériens, il publia en 1957 son célèbre Contre la torture, dont le retentissement fut large.
33- Né en 1891, Charles-André Julien arrive au Maghreb en 1916 et s\'engage très tôt dans la lutte contre les abus coloniaux. A l\'âge de 26 ans, il est déjà président de la Ligue des droits de l\'homme et son élection, trois ans plus tard, au poste de conseiller général à Oran, en tant que socialiste, marque son entrée dans la vie publique et son investissement dans les relations entre la France et l\'Afrique du Nord.
34- Déclaration sur le droit à l\'insoumission dans la guerre d\'Algérie du 6 septembre 1960. 121 écrivains, universitaires et artistes rendent public un appel à l’insoumission (dans Vérité-Liberté, no 4, septembre-octobre 1960 ; ce numéro fut saisi et le gérant inculpé de provocation de militaires à la désobéissance). Cet appel vaudra à certains signataires de sévères sanctions.
35- Résistant contre l’occupant nazi à 19 ans. Ancien rescapé du camp de Mathausen, il participera plus tard au Putsch d’Alger.
36- Maurice Audin était un brillant mathématicien qui enseignait à la faculté d\'Alger. Il était sur le point de soutenir sa thèse, sous la direction de De Possel, quand il fut arrêté, torturé et assassiné par l\'armée française en juin 1957, pendant la guerre d\'Algérie. Il est mort à 25 ans. Sa thèse a été soutenue \"in absentia\" en décembre 1957, sous la présidence de Laurent Schwartz.
37- Il participera au Putsch d’Alger.
38- Le 8e RPIMa a été créé en Indochine en 1951, sous l’appellation de 8e bataillon de parachutistes coloniaux. Il est engagé aussitôt à Ghia Hoi, Hoa Binh, Langson et Dien Bien Phu où le bataillon disparaît après une résistance acharnée. Recréé en 1956, il ne tarde pas à être engagé en Algérie où il participe à de nombreuses opérations. Devenu aujourd’hui le 8eme Régiment de Parachutistes d\'Infanterie de Marine ; il est basé à Castres.
39- Terme généralement employé alors pour nommer son supérieur dans l’armée.
40- opération d\'infiltration et d\'intoxication, qui a permis au capitaine Léger, officier français ancien d\'Indochine, de diriger pendant six mois... les combattants FLN de la Région autonome d\'Alger.
41- Le 27 décembre 1957, Abbane Ramdane, l\'un des fondateurs du mouvement, à l\'origine des attentats aveugles, est étranglé au Maroc sur ordre de ses rivaux, Abdelhafid Boussouf et Krim Belkacem.
42- L’idée de manœuvre est de traiter successivement des surfaces vastes et jointives en vue d’obtenir, dans une période d’au moins deux mois, un résultat définitif, sans possibilité de fuite ou de retour des bandes rebelles. Les bandes n’auront plus de zones refuges et seront à la pointure des unités de secteur, en particulier des commandos de chasse. Source http://www.saint-cyr.org
43- Les lettres de Jean Le Meur, publiées par la revue Esprit en décembre 1959, restent un acte majeur de cette époque.
44- Père Henri Péninou, aumônier parachutiste, Réflexions sur les devoirs du soldat. Notre vie chrétienne en Algérie (1959), présenté par Jean-Charles Jauffret, ESID, 1998, Université Paul Valéry-Montpellier III, Montpellier, 1998, 85 p. (texte plus annexes), 40 p. de photos.
45- Lévitique (chap 19)
46- Paru au début de 1961 chez Christian Bourgois, le livre connût un grand succès et a nui à l’avancement de son auteur.
47- Jean-Marie Selosse, 29 ans de service comme officier, dont 20 à la Légion, était lieutenant en Algérie, au 1er RE, puis au 2ème REP. Il a été grièvement blessé à la tête de sa section pendant les combats du Djebel chélia qu\'il évoque dans ce roman plus réel que beaucoup de récits historiques. Editions Italiques, 1 chemin des Beauregards,78510 Triel-sur-Seine. Volume broché de 220 pages. Format 15,3 x 24 cm. ISBN:2-910536-31-9.
48- Né en 1933, l’auteur a participé aux combats d’Algérie durant quatre années, au sein de deux régiments parachutistes, mais aussi, pendant plus d’une année, dans un D.O.P (Détachement Opérationnel de Protection), celui de Sétif, l’un de ces organismes ayant pour mission d’obtenir des renseignements quels que soient les moyens utilisés. Là, il a approché la torture avant de la refuser à ses risques et périls, pour en rester marqué pour la vie. Depuis, en toutes circonstances, il a conservé son libre arbitre, au lieu de toujours se soumettre. ISBN : 2-7475-2779-4 • 2002 • 256 pages - Editions de l’Harmattan 5-7 rue de l\'Ecole Polytechnique 75005 Paris
49- Ouvéa : l\'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie et, en 1988, des gendarmes attaqués, tués ou capturés, un assaut spectaculaire entre les deux tours de l\'élection présidentielle, des controverses politiques et des faits encore troubles... Vingt-cinq morts, mais le droit ne s\'est pleinement appliqué, en deux amnisties successives, que pour mieux être écarté des faits. Les événements d\'Ouvéa étaient-ils conformes aux règles de la Convention européenne des droits de l\'homme relatives au recours à la force ?
50- voir note 8
51- Le code du soldat se présente donc comme un condensé qui permet la mise en œuvre, jusqu’au plus petit échelon, des quatre principes suivants :
* cultiver et pratiquer des règles de conduite qui fondent, sur des consciences fermes et fortes et sur l’excellence professionnelle, la mise en œuvre résolue d’une force maîtrisée ;
* faire vivre les communautés militaires unies dans la discipline et la fraternité d’armes ;
* servir la France et les valeurs universelles dans lesquelles elle se reconnaît ;
* cultiver des liens forts avec la communauté nationale.







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