La peine de mort aux Etats-Unis par André Kaspi
Date 21/1/2004 10:48:00 | Sujet : Peine de mort - Etats-Unis
| A l’invitation du groupe ACAT de Paris 5, Monsieur le Professeur André Kaspi, spécialiste de la civilisation américaine, est intervenu à la Sorbonne le mercredi 21 janvier 2004.
L'ACAT Paris V remercie vivement Monsieur le Professeur André Kaspi pour son intervention.
Quelques notes
Lors de sa conférence, André Kaspi a souligné que les caractéristiques fondamentales de la civilisation américaine étaient souvent mal connues du grand public. Il a notamment rappelé que les états fédérés disposaient d’une grande autonomie législative dans le cadre général des grands principes affirmés par la constitution américaine. Ceci explique notamment que certaines états américains soient rétentionnistes tandis que d’autres soient abolitionnistes. Dans ce dispositif fédéral, la Cour suprême des Etats-Unis joue un rôle central joué en assurant notamment le respect de la conformité des législations nationales avec la constitution.
Le système judiciaire américain, pays de common law, est également très différent du système français avec l’absence de juge d’instruction et par l’élection au suffrage direct de certains juges de certains juges par exemple.
La peine de mort est plus souvent infligée à des criminels lorsque la victime était de race blanche par rapport aux victimes des autres races tandis que, depuis plusieurs années déjà, le nombre de condamnés de race blanche est supérieur à ceux de race noire.
Le nombre d’exécutions est relativement faible par rapport à l’ensemble des condamnés à mort. Certains états procèdent régulièrement à des exécutions (Texas, Floride par exemple) tandis que d’autres n’exécutent jamais.
Le délai moyen entre une condamnation et une exécution s’élève à une dizaine d’années qui correspond à la durée des procédures d’appel.
Les églises baptistes notamment jouent un rôle important notamment dans les pays du Sud qui sont traditionnellement favorables à la peine de mort.
Le nombre grandissant d’hispaniques, majoritairement catholiques, dans certains états américains (Californie, Texas par exemple) pourrait provoquer un renversement de tendance en faveur de l’abolition compte tenu de l’évolution récente de la position de la hiérarchie de l’église romaine sur ce sujet.
Les diplomates américains en poste en Europe sont généralement conscients de la mauvaise image de marque des Etats-Unis auprès de l’opinion européenne créée par le maintien de la peine de mort dans certains états américains. Toutefois, cette mauvaise image auprès des pays européens ne semble pas capable dans l’immédiat de provoquer une vague abolitionniste de grande ampleur aux Etats-Unis.
En revanche, la décision récente de la Cour suprême concernant l’arrêt de l’exécution des retardés mentaux comme les décisions à venir à propos de l’exécution des mineurs au moment des faits, autorisent un certain optimiste.
Les questions de principe autour de la peine de mort (éthiques, philosophiques...) ne semblent pas intéresser le grand public américain. Les électeurs américains s’interrogent sur le maintien ou non de la peine de mort plutôt à partir de critères pragmatiques : l’erreur judiciaire et le coût élevé de la peine de mort.
On peut approfondir tous ces thèmes grâce au livre publié récemment par André Kaspi aux éditions Plon sur cette question de la peine de mort aux Etats-Unis.
Cette conférence inaugurait un cycle de conférences sur les Etats-Unis initié par le groupe ACAT de Paris V.
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