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Races : des métis monstrueux ? Peur du métissage et patriotisme par Claude Blanckaert
Posté par acatparis5 le 24/10/2008 17:01:18 (2163 lectures)


C'est pourquoi j'aimerais, en dernier lieu, conclure sur l'attitude et peut-être le privilège de l'historien. Sur ce terrain de controverses il a, ni plus ni moins que quiconque, le droit et le devoir de prendre position. Mais au-delà de sa parole singulière, il peut éclairer les arguments et en montrer les inévitables contradictions logiques. Clarifier les débats, c'est par exemple faire ressurgir du passé toute l'épaisseur d'un savoir figé, en déployer les postulats naturalistes. La question qui agite encore nos consciences modernes : les métis sont-ils bons, sont-ils mauvais, n'a strictement aucune réponse. Elle suppose en réalité, et quelles qu'en soient les solutions, la réification des races, des ethnies, des cultures et des trajectoires individuelles comme si les vicissitudes d'une histoire millénaire n'y avait pas prise. D'une autre manière, les monogénistes et les polygénistes se déterminaient en vertu d'une certaine conception de l'humanité, de ce qui est bon ou mauvais pour elle. Or l'historien garde un recul certain vis-à-vis de cette conception. On sait bien que c'est souvent au nom des intérêts supérieurs de l'humanité que les hommes ont commis les pires exactions contre leurs semblables. Mais j'ajouterai aussitôt que l'historien se situe à un autre niveau.


S'il n'a pas la compétence particulière du moraliste, il a celle du mémorialiste. L'historien a appris dans les textes et dans l'épaisseur des pratiques les usages politiques et sociaux des grandes doctrines soutenues par les scientifiques depuis le xix e siècle. Il connaît dans leur durée les méfaits du racisme, de l'eugénisme, du colonialisme, etc. Il n'a donc pas besoin d'une idée scientifiquement validée de ce qu'est l'humanité pour concevoir clairement à quel type de comportements inhumains les scientifiques eux-mêmes se sont parfois prêtés. La mémoire du passé n'est pas seulement un objet de méditation. Ce doit être aussi une éthique de vigilance pour tous.


Bibliographie


Ouvrage :

Claude Blanckaert, La nature de la société. Organicisme et sciences sociales au XIXe siècle, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire des sciences humaines », 2004, 155 p.


Direction d'ouvrages (sélection)

Des sciences contre l'homme, Claude Blanckaert dir., Paris, Ed. Autrement (série « Sciences en société »), 1993, 2 vol., 187 p., 147 p. 


Le Terrain des Sciences humaines. Instructions et Enquêtes (XVIIIe-XXe s.), Claude Blanckaert dir., Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire des sciences humaines », 1996, 404 p.


L'histoire des sciences de l'homme. Trajectoire, enjeux et questions vives, Claude Blanckaert, Loïc Blondiaux, Laurent Loty, Marc Renneville, Nathalie Richard dir., Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire des sciences humaines », 1999, 308 p.


Les politiques de l'anthropologie. Discours et pratiques en France (1860-1940), Claude Blanckaert dir., Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire des sciences humaines », 2001, 493 p. L¹Encyclopédie méthodique (1782-1832).


Des Lumières au positivisme, Claude Blanckaert, Michel Porret dir., avec la collaboration de Fabrice Brandli, Genève, Droz, coll. « Bibliothèque des Lumières », 2006, 830 p.


à lire également sur le site :


L'antiracisme doit-il rompre avec la science ?


par


Wiktor Stoczkowski enseignant-chercheur, membre du Laboratoire d'anthropologie sociale, EHESS-Collège de France


 




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